Blanc d'Écume
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Blanc d'Écume
Blanc d'écume
Don Pablo-Ignacio élevait des chevaux sur ses terres humides de la Doñana, dans l'Andalousie Océane, entre l'embouchure du Guadalquivir et le golfe de Cadix. Des pur-sang. Des bêtes de course et de concours. Il ne savait plus combien de trophées ses chevaux lui avaient rapporté. Les murs de ses trois fincas en était bien chargé.
Il avait eu la chance de naître dans une famille plus qu'aisée. Une famille noble, dans un pays où leurs têtes n'avaient jamais été tranchées et où ils avaient de tous temps été respectés. Des terres, une grande fortune, et une dose certaine d'intelligence et d'opportunité, voilà qui lui convenait parfaitement.
S'il aimait sa femme et ses enfants, les sentiments n'avaient pas trouvé d'autres lieux où se développer. Hormis pour les siens, il avait la réputation d'être sec et froid. Cependant, il n'était jamais tranchant.
Blanc d'écume était un magnifique étalon. Il subjuguait tout le monde. Il faut dire que jamais on ne vit plus bel albinos. Ses cils blancs qui protégeaient ses si fragiles yeux rouges lui donnaient un charme tout féminin.
Blanc d'écume avait gagné toutes les courses auxquelles il avait participé. Ainsi que tous les concours d'élégance. Il avait le pas léger des ballerines, le galop rapide des destriers d'antan, et il franchissait les obstacles tel un Pégase des temps modernes.
Ses saillies se négociaient à prix d'or et Don Pablo-Ignacio veillait personnellement à la pureté et à l'élégance des juments qui lui étaient proposées. Ainsi, sa progéniture était digne de lui.
Mais vint le temps du repos bien mérité. Don Pablo-Ignacio le savait bien. Aussi le transféra-t-il dans des terres plus douces, mais bien plus au nord, qu'il possédait également, en Navarre, des terres où s'ébattaient en voisins tolérants des chevaux et des taureaux sauvages, ce qui ne le changerait pas.
Hélas, le transfert eut lieu en début d'hiver Et l'hiver, en Navarre...
C'est en descendant du van que le lad dérapa, entraînant Blanc d'écume en sa chute. Le verdict était sans appel. Jambes cassées. Celle du lad, et celle de Blanc d'écume. Pour ce dernier, cela aurait dû être un arrêt de mort.
Don Pablo-Ignacio démontra sur ce regrettable accident qu'il n'avait pas le cœur aussi sec qu'on pouvait le croire. Il ne chargea pas le lad. Au contraire. Il veilla à ce qu'il fut parfaitement soigné. Quant à Blanc d'écume, il permit aux meilleurs vétérinaires de tenter de le sauver. Ce qu'ils réussirent, exceptionnellement. Blanc d'écume allait vivre. Malheureusement, il ne pourrait plus jamais galoper. Tout juste trotter un peu.
Ne sachant que faire de son cheval, et ne pouvant se résigner à le faire euthanasier, il en fit don à Rafa, le fils du lad, qui n'en demandait pas tant.
Rafa était un enfant sur lequel la vie s'était comportée comme une garce. Non seulement, elle avait ôté la vie à sa mère à sa naissance, mais une mauvaise manipulation des forceps l'avait condamné à vivre avec un os temporal enfoncé. De plus, il avait un pied bot.
Évidemment, Don Pablo-Ignacio prenait en charge toutes les dépenses d'entretien et de nourriture du cheval.
Rafa était aux anges ! Il possédait un magnifique cheval albinos qui avait été une véritable star, et il pouvait le monter à son gré. Jamais il n'avait eu un tel cadeau.
Blanc d'écume – était-il reconnaissant? – s'entendait parfaitement avec Rafa. Ses oreilles et ses regards ne mentaient pas. Avec lui, il était doux comme un agneau. Jamais une rebuffade, encore moins une ruade.
Rafa, pour légèrement handicapé qu'il était, avait toute sa tête. Et c'est avec la candeur, l'innocence, et le toupet de l'enfance qu'il demanda un matin à Don Pablo-Igniacio s'il l'autorisait à monter... des ânesses .
Des ânesses ! Quelle déchéance pour un tel étalon ! Don Pablo-Ignacio faillit s'en étrangler. Des ânesses ! Et pourquoi pas des chèvres !
Cependant, ce cheval, il le lui avait bien donné. Rafa n'avait pas besoin de lui en demander l'autorisation. Aussi lui répondit-il : « Ce cheval est à toi. Tu es libre d'en faire ce que tu veux. Sauf... du pâté pour chien » Rafa était trop jeune pour savoir s'il plaisantait ou pas.
C'est ainsi qu'un matin, Rafa mena Blanc d'écume chez un de ses amis dont le père élevait des ânesses, pour leur lait, si apte à faire de bons savons. Les ânons, il les vendait sitôt sevrés.
Il avait dû longuement négocier auparavant car ce genre d'union ne recueillait pas les suffrages chez les Mendoza. Mais Javier était fils unique, et ses parents ne lui refusaient rien.
« Mare de deu ! Un caballo en la casa ! »
Mais quand naquirent les petits mulets, ils étaient si jolis qu'ils décidèrent de les conserver. Chaque année, sept à douze petits mulets et mules naissaient Et tous obtenaient d'excellents résultats dans les divers concours où ils étaient présentés, car il existe aussi des concours régionaux, nationaux et même internationaux de mulets et de mules.
En Charente, la mule Rataguapa rafla le premier prix. Et c'était un concours international. Il y avait là la fine fleur des mules et mulets français, italiens, espagnols, portugais, belges, suisses, allemands, j'en passe, et même japonais ! Tous les éleveurs des races asines approchèrent les Mendoza dont la fortune était assurée.
C'est ainsi que Blanc d'écume termina sa vie d'étalon, avec pour seul regret que ses derniers poulains fussent tous stériles.
Don Pablo-Ignacio élevait des chevaux sur ses terres humides de la Doñana, dans l'Andalousie Océane, entre l'embouchure du Guadalquivir et le golfe de Cadix. Des pur-sang. Des bêtes de course et de concours. Il ne savait plus combien de trophées ses chevaux lui avaient rapporté. Les murs de ses trois fincas en était bien chargé.
Il avait eu la chance de naître dans une famille plus qu'aisée. Une famille noble, dans un pays où leurs têtes n'avaient jamais été tranchées et où ils avaient de tous temps été respectés. Des terres, une grande fortune, et une dose certaine d'intelligence et d'opportunité, voilà qui lui convenait parfaitement.
S'il aimait sa femme et ses enfants, les sentiments n'avaient pas trouvé d'autres lieux où se développer. Hormis pour les siens, il avait la réputation d'être sec et froid. Cependant, il n'était jamais tranchant.
Blanc d'écume était un magnifique étalon. Il subjuguait tout le monde. Il faut dire que jamais on ne vit plus bel albinos. Ses cils blancs qui protégeaient ses si fragiles yeux rouges lui donnaient un charme tout féminin.
Blanc d'écume avait gagné toutes les courses auxquelles il avait participé. Ainsi que tous les concours d'élégance. Il avait le pas léger des ballerines, le galop rapide des destriers d'antan, et il franchissait les obstacles tel un Pégase des temps modernes.
Ses saillies se négociaient à prix d'or et Don Pablo-Ignacio veillait personnellement à la pureté et à l'élégance des juments qui lui étaient proposées. Ainsi, sa progéniture était digne de lui.
Mais vint le temps du repos bien mérité. Don Pablo-Ignacio le savait bien. Aussi le transféra-t-il dans des terres plus douces, mais bien plus au nord, qu'il possédait également, en Navarre, des terres où s'ébattaient en voisins tolérants des chevaux et des taureaux sauvages, ce qui ne le changerait pas.
Hélas, le transfert eut lieu en début d'hiver Et l'hiver, en Navarre...
C'est en descendant du van que le lad dérapa, entraînant Blanc d'écume en sa chute. Le verdict était sans appel. Jambes cassées. Celle du lad, et celle de Blanc d'écume. Pour ce dernier, cela aurait dû être un arrêt de mort.
Don Pablo-Ignacio démontra sur ce regrettable accident qu'il n'avait pas le cœur aussi sec qu'on pouvait le croire. Il ne chargea pas le lad. Au contraire. Il veilla à ce qu'il fut parfaitement soigné. Quant à Blanc d'écume, il permit aux meilleurs vétérinaires de tenter de le sauver. Ce qu'ils réussirent, exceptionnellement. Blanc d'écume allait vivre. Malheureusement, il ne pourrait plus jamais galoper. Tout juste trotter un peu.
Ne sachant que faire de son cheval, et ne pouvant se résigner à le faire euthanasier, il en fit don à Rafa, le fils du lad, qui n'en demandait pas tant.
Rafa était un enfant sur lequel la vie s'était comportée comme une garce. Non seulement, elle avait ôté la vie à sa mère à sa naissance, mais une mauvaise manipulation des forceps l'avait condamné à vivre avec un os temporal enfoncé. De plus, il avait un pied bot.
Évidemment, Don Pablo-Ignacio prenait en charge toutes les dépenses d'entretien et de nourriture du cheval.
Rafa était aux anges ! Il possédait un magnifique cheval albinos qui avait été une véritable star, et il pouvait le monter à son gré. Jamais il n'avait eu un tel cadeau.
Blanc d'écume – était-il reconnaissant? – s'entendait parfaitement avec Rafa. Ses oreilles et ses regards ne mentaient pas. Avec lui, il était doux comme un agneau. Jamais une rebuffade, encore moins une ruade.
Rafa, pour légèrement handicapé qu'il était, avait toute sa tête. Et c'est avec la candeur, l'innocence, et le toupet de l'enfance qu'il demanda un matin à Don Pablo-Igniacio s'il l'autorisait à monter... des ânesses .
Des ânesses ! Quelle déchéance pour un tel étalon ! Don Pablo-Ignacio faillit s'en étrangler. Des ânesses ! Et pourquoi pas des chèvres !
Cependant, ce cheval, il le lui avait bien donné. Rafa n'avait pas besoin de lui en demander l'autorisation. Aussi lui répondit-il : « Ce cheval est à toi. Tu es libre d'en faire ce que tu veux. Sauf... du pâté pour chien » Rafa était trop jeune pour savoir s'il plaisantait ou pas.
C'est ainsi qu'un matin, Rafa mena Blanc d'écume chez un de ses amis dont le père élevait des ânesses, pour leur lait, si apte à faire de bons savons. Les ânons, il les vendait sitôt sevrés.
Il avait dû longuement négocier auparavant car ce genre d'union ne recueillait pas les suffrages chez les Mendoza. Mais Javier était fils unique, et ses parents ne lui refusaient rien.
« Mare de deu ! Un caballo en la casa ! »
Mais quand naquirent les petits mulets, ils étaient si jolis qu'ils décidèrent de les conserver. Chaque année, sept à douze petits mulets et mules naissaient Et tous obtenaient d'excellents résultats dans les divers concours où ils étaient présentés, car il existe aussi des concours régionaux, nationaux et même internationaux de mulets et de mules.
En Charente, la mule Rataguapa rafla le premier prix. Et c'était un concours international. Il y avait là la fine fleur des mules et mulets français, italiens, espagnols, portugais, belges, suisses, allemands, j'en passe, et même japonais ! Tous les éleveurs des races asines approchèrent les Mendoza dont la fortune était assurée.
C'est ainsi que Blanc d'écume termina sa vie d'étalon, avec pour seul regret que ses derniers poulains fussent tous stériles.
Dernière édition par Phil BOTTLE le 09.11.24 11:11, édité 2 fois
Phil BOTTLE- Messages : 334
Date d'inscription : 06/08/2024
Age : 69
Localisation : Au pays des vents
Lix, Jean Paul, Fid-ho LAKHA, Tinouch et Franck Breitner aiment ce message
Re: Blanc d'Écume
Finie la légende de Blanc d'écume.
Tu l'as pas loupé le gamin !
Qqs dérapages clavier :
- des terres ou (où) s'ébattaient en voisins tolérants des chevaux et des taureaux sauvages
- Don Pablo-Ignacio démontra sur ce regrettable accident qu'il n'avait pas (lee) cœur aussi sec
- Ce (qu'ilx) réussirent, exceptionnellement.
- Rafa était un enfant sur lequel la vie s'était comporté(e) comme une garce
- Non seulement, elle avait ôté la vie (sa) sa mère à sa naissance
- ils étaient si jolis qu'ils (décodèrent : haha) de les conserver
- Il y avait la (là) la fine fleur
Tu l'as pas loupé le gamin !
Qqs dérapages clavier :
- des terres ou (où) s'ébattaient en voisins tolérants des chevaux et des taureaux sauvages
- Don Pablo-Ignacio démontra sur ce regrettable accident qu'il n'avait pas (lee) cœur aussi sec
- Ce (qu'ilx) réussirent, exceptionnellement.
- Rafa était un enfant sur lequel la vie s'était comporté(e) comme une garce
- Non seulement, elle avait ôté la vie (sa) sa mère à sa naissance
- ils étaient si jolis qu'ils (décodèrent : haha) de les conserver
- Il y avait la (là) la fine fleur
Lix- Messages : 924
Date d'inscription : 05/08/2024
Phil BOTTLE aime ce message
Re: Blanc d'Écume
À ce tarif là, ce n'est plus du dérapage, c'est carrément une perte de contrôle... Merci. Normalement, rectifié. Mais on ne sait jamais, avec ce clavier mono-neuronal...
Phil BOTTLE- Messages : 334
Date d'inscription : 06/08/2024
Age : 69
Localisation : Au pays des vents
Re: Blanc d'Écume
Mais non, c'est ton clavier qui fait de la fantaisie :-)
Lix- Messages : 924
Date d'inscription : 05/08/2024
Phil BOTTLE aime ce message
Re: Blanc d'Écume
Oups! ( un passage non vu par « œil de lynx »): « en descendant du van (de) le lad dérapa »…
L’histoire est agréable en tous cas! Ça sent bon le soleil et la générosité ! Je note le manque de calembours!
L’histoire est agréable en tous cas! Ça sent bon le soleil et la générosité ! Je note le manque de calembours!
Fid-ho LAKHA- Messages : 492
Date d'inscription : 07/08/2024
Phil BOTTLE aime ce message
Re: Blanc d'Écume
Merci. Corrigé... Et oui, parfois, pas de jeux mots... ;-)
Phil BOTTLE- Messages : 334
Date d'inscription : 06/08/2024
Age : 69
Localisation : Au pays des vents
Re: Blanc d'Écume
Oh! on dirait ma sœur... mais en mieux...
Phil BOTTLE- Messages : 334
Date d'inscription : 06/08/2024
Age : 69
Localisation : Au pays des vents
Franck Breitner aime ce message
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