Extrait de la plaidoirie en faveur de Madame Peff

Extrait de la plaidoirie en faveur de Madame Peff (toute ressemblance etc... fortuite)

… la parole est à la défense.

Monsieur le Juge, monsieur l'Avocat Général, Mesdames et messieurs les jurés, vous êtes tous réunis dans ce palais aux ors antiques et au décor à corps - ah que ces cariatides sont belles ! - pour statuer sur le sort de Mme PEFF, ma cliente, prévenue d'emploi fictif au sein de notre G.I.A.N, notre Glorieuse et Indispensable Assemblée Nationale.
Mais où sont les preuves ? Je parle de preuves tangibles, pas des supputées ou des inventées, non, où sont donc les preuves !
Ma cliente y exerce à temps partiel l'activité d'attachée parlementaire de son mari. Est-ce interdit? Citez-moi donc l'article le prohibant ? Vous savez très bien qu'il n'existe pas. Un quart de temps est un quart de temps. Et, bien rempli, il vaut bien des pleins-temps bâclés.
J'entends d'aucuns évoquer un détournement de fonds manifeste. De quels fonds ? Ma cliente est rémunérée par une partie des fonds ad hoc octroyés à son mari comme à tout député.
On me dit que son travail ne se voit pas. Sauf votre respect, monsieur le juge, monsieur l'avocat général, et le votre ? Il se voit ?  Vous savez très bien que tout travail intellectuel est par essence invisible . Peut-on pour autant déclarer qu'il n'existe pas ?
Comment exerce-telle son activité ? Je vais vous le dire : la matin, Mme Peff parcoure les éditos et les articles de fonds de différents journaux, les apprend, et, tout en tartinant les tranches de pain de mie du petit déjeuner, qu'elle a mis à toaster avec précision, niveau 3 pour elle, 3,75 pour lui, elle en restitue un condensé à son mari afin de lui faire gagner un temps précieux. Ses journées et ses semaines son longues et sans ce travail, il n'aurait pas le temps s'adonner à ses quatre golfs hebdomadaires, à ses trois rallyes mensuels, et à ses dix huit pêches au gros trimestrielles.
Avant le départ de son mari, elle procède à la revue d'habillage : ses chaussures sont elles assorties ? Ses chaussettes le sont-elles à sa cravate ? Cette dernière est elle bien nouée et droite ou, comme le reste, laisse-t-elle à désirer (et toujours de travers ) ? Dans son empressement, n'a-t-il pas oublié de retirer son bonnet de douche ? A-t il enfilé son string (il le lui emprunte parfois) à l'endroit ?
Une fois celui-ci dans l'auto, elle téléphone au chauffeur pour lui rappeler de ne pas prendre les ronds points trop vite, Fraf étant sujet à une naupathie avec effet retard et elle n'aime pas trop devoir éponger quand l'heure du sommeil post coïtal est là.
À l'heure du repas, elle l'appelle sur son portable afin de savoir ce qu'il mange pour éviter tout doublon le soir, (ce qui est pourtant arrivé une fois) et, le cas échéant, lui demander de ne pas oublier le doggy-bag pour le repas du lendemain soir.
Tous les trois mois, à date fixe, elle lui rappelle d'avoir à passer chez Hermes pour le renouvellement de ses sacs et foulards, toujours les mêmes pour l'année, Monsieur Marcel est au courant, ce qui lui permet tous les ans de gâter ses quatre nièces pour leur Noël. Oui, Fraf a aussi des fonds républicains idoines pour cela.
Le soir, elle lui demande qu'elles seront les sujets abordés le lendemain à L'Assemblée et elle googlisera ses fiches afin qu'il soit éloquent et surtout sachant.
Voilà. Quoi neuf-mille-huit-cents euros mensuel ? Qu'avez-vous de nos jours pour neuf-mille-huit-cents euros mensuel ? Comment, net ! Manquerait plus que ce soir du brut ! Vous avez déjà entendu parler de l'esclavage moderne ? En deçà, vous auriez cherché des noises à l'époux de mon client sur ce fondement. Hors vous savez bien que les fondements, les ronds de cuir les ont particulièrement coriaces.
C'était un extrait de la plaidoirie en faveur de Madame Peff.

Habile plaidoirie qui ménage la chêvre et le chou ! Il est vrai que la vie de cette dame était vraiment bien remplie, pour ne pas dire, pleinement dévouée à son parlementaire de mari, dont je crois me souvenir du nom ( même si toute ressemblance ....) . C'est sur le salaire que je tique : elle aurait dû recevoir bien plus !
Au même titre que toutes les femmes qui permettent à leurs grands, moyens ou petits hommes, de vivre pleinement leur carrière professionnelle ! Ces mesdames, "épouses de" , seraient -elles des Saintes ?
Cela dit, je ne connais pas assez l'affaire pour vérifier que la somme reçue faisait partie des fonds octroyés à son mari...

Je ne connais pas le montant, que j'ai exagéré bien sûr, mais je crois me souvenir qu'elle était bien payée aux frais de la princesse. Mieux vaut en rire...