La cabane de la clairière
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Johan du Bois-Forest

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Message par Phil BOTTLE 17.08.24 19:17

Johan du Bois-Forest


Il faisait froid en ce février de l'an de glace 1652. Les hommes tombaient comme des mouches et les mouches ne volaient plus, car elles avaient eu les ailes givrées. Les villes et les campagnes étaient blanches de glace. Il ne faisait pas bon sortir des habitations, qu'elles soient châteaux, manoirs, maisons, masures, huttes, grottes...
On eut dit qu'une malédiction s'était abattue sur le pays, après moult pestes mortifères. Petit à petit, le pays se vidait, à commencer par les plus faibles, les plus pauvres, les moins protégés, les moins résistants.
Seuls les hommes d'armes des grands seigneurs, ces derniers et leurs gens (hors les serfs) pouvaient espérer payer un moins lourd tribut.
À peine adolescent, le Chevalier Johan du Bois des Forest avait été obligé de se nourrir de chats. Il en avait tant dévoré qu'il avait acquis une formidable vision nocturne.
En cette époque où les lois de l'hospitalité héritées de l'antiquité avaient été oubliées, Johan, petit noble de terre, vil descendant sans nul doute de lointains charbonniers, avait eu le malheur de venir s'abriter, un soir où la neige l'avait égaré, dans une grotte située sur les terres de Godefroid de Mauvesin le bien nommé où, pour son malheur, il alluma un petit feu de genet. Repéré par les hommes de ce dernier, il fut capturé sans ménagement et traduit, malgré sa particule, illico devant le tribunal traitant du sort des vilains et des gueux. La sentence fut sans appel : « Attendu que le Sieur Johan du Bois-Forest a sciemment pénétré sans autorisation ni sollicitation d'icelle sur les terres du seigneur Godefroid de Mauvesin, le tribunal décrète l'enfermement du prévenu dans la geôle du château ainsi que la saisie de ses terres pour une durée de cinq ans, au terme desquels il sera élargi et ses terres lui seront restituées. Entre temps, le rapport, des terres sera versé au trésor du seigneur de Mauvesin à titre de dédommagement.

Johan connut alors bien des misères. En premier lieu, il fut enfermé dans le cul de basse fosse, ce cachot souterrain, véritable oubliette où il n'aurait jamais dû se trouver puisqu'il n'était pas condamné à perpétuité. Il y passa là deux années sans voir le jour, ou si peu, à partager son pain sec et son eau croupie avec les blattes et les rats.
De Mauvesin était renommé pour sa cruauté sans limite. En ce temps-là, le mot sadique n'existait pas. On se contentait donc d'être cruel, c'est moins atroce.
De Mauvesin venait cependant, chaque dimanche, après la messe, saluer son prisonnier tant pour le narguer que pour s'assurer qu'il restait en vie. C'est qu'un félin doit faire durer sa souris. Il ne se doutait pas que cette souris-là était plus chat que lui. Mais à force de vivre dans le noir, la souris était devenue aveugle, ce qui froissa de Mauvesin, lequel décida alors d'aménager le séjour de Johan. Il fut transféré dans la geôle du donjon. Là, après une semaine d'acclimatation, il put retrouver l'usage total de ses yeux. De plus, il sentait l'air venir le raviver, bien qu'il fut des plus glacials, une petite fenêtre barreaudée permettant à l'air et au jour de pénétrer.
De Mauvesin fit cependant en sorte qu'un feu fut allumé en permanence dans une pièce séparée de sa cellule par une simple mais grosse grille. C'était celle de l'antique pont-levis qui avait été remplacée, il y avait à peine une petite dizaine d'années.
En se dressant sur la pointe des pieds, Johan pouvait voir que dehors, et très près se trouvait le gibet, lequel était régulièrement orné de nouveaux repas pour les corbeaux.
Un matin, il entendit de terribles croassements, doublés de cris jusque-là jamais perçus. C'est que la gente ailée était en guerre. Un clan d'une trentaine de gros vautours entendait faire désormais main basse sur le distributeur de repas, et il fallait user d'arguments percutants pour en chasser les corvidés qui d'ailleurs ne faisaient pas le poids.
L'appétit et la vitesse à laquelle ses nouveaux venus dépeçaient les corps poussèrent de Mauvesin à revoir son code pénal et à reconsidérer l'échelle des peines. Il faisait de moins en moins bon s'aventurer sur ses terres.
Un jour, un vautour vint se poser sur le rebord de la fenêtre. Il y prit goût, car depuis, il vint s'y poser plusieurs fois par jour. Au début, cela agaça Johan. De plus, comme tous les siens, il puait fortement la charogne. Il essaya de le chasser, mais tel celui de Prométhée, le vautour revenait toujours.
Passant les mains à travers les barreaux, il le pinçait, mais le vautour s'en moquait. Et une fois, il lui arracha une plume. Une rectrice. Bien petite ! Un autre jour, il lui arracha une rémige bien plus longue. Plus du double... Et chaque jour, il lui arrachait des plumes. Le plus possible. Il lui semblait que les vautours se relayaient, car chacun qui se posait là avait toutes ses plumes.
Il en avait une belle collection. Il les fichait dans les interstices des pierres des murs. Étrange décoration, mais un prisonnier passe le temps comme il peut.
Ce matin-là, en les ponçant contre une pierre granuleuse, il passa un temps infini à essayer d'en tailler une en pointe. Mais elles se cassèrent toutes. Il râla bien un peu, mais il s'en moquait : il avait le temps et cela l'occupait. Comme il n'était pas idiot, il réfléchit et se dit qu'elles avaient trop séché. Aussi, la première qu'il arracha de nouveau fut la bonne. Toute fraîche, il put la tailler en pointe très acérée. Il en piqua la veine de son poignet gauche et le sang jaillit. Il avait une plume, du sang, et il avait repéré des pierres lisses. Elles étaient sur la partie adjacente à la grille. Les gardiens ne pouvaient rien voir.
Il se prit alors à y écrire les pires malédictions à l'encontre du baron, car de Mauvesin était baron, Johan n'étant que Chevalier,.
« Maudit sois-tu, baron de mauvaise âme ! »
« Que tes yeux de vil serpent soient gobés de ton vivant pas un vautour affamé ! »
« Que la chair de ta chair serve de pâtures à mes désormais amis les vautours !  »
Et plusieurs autres de même acabit.

Mais on ne se plante pas des plumes de vautour dans les veines sans impunité. Un soir de pleine lune, alors que des loups hurlaient au loin, Johan vu son corps se rétrécir et se recouvrir de plumes. En moins de temps qu'il ne lui fallut pour comprendre, il fut sur le rebord de sa fenêtre. Il se glissa, en se tortillant, entre les barreaux et prit son envol.
Libre ! Il était libre ! Quel bonheur, après tant de mois, tant d'années. D'instinct, il avait trouvé la grotte cachée où se reposaient ses désormais semblables. Fut-ce le fait qu'il n'était pas vraiment leur semblable, il fut reçu avec déférence. Il s'étonna de comprendre leur langage. Ils venaient, après moult cris et gesticulations, de le désigner Roi ! Mais tout roi qu'il était, au petit matin, il redevint homme. Et il le restera jusqu'à la prochaine pleine lune. Mais les vautours n'en avaient cure. Ils se fièrent à leur odorat. Leur roi était un sorcier qui avait le don de se métamorphoser.
Au fond de la grotte, il trouva une source et des champignons qui étaient comestibles. Mais se nourrir uniquement de champignons... C'est alors que le deuxième jour, il entendit des bêlements. Les vautours avaient capturé plusieurs agneaux. Il avait là de quoi se nourrir, à condition de les manger crus, les conséquences du feu de genet lui avaient suffit. Comme il lui fallait des protéines, il n'hésita pas. Et comme il lui fallait se fortifier, avec une autre plume qu'il avait taillée, il but son lot de sang en la plantant dans la gorge d'un agneau qui demeurait vivant.
Le temps s'écoula. La lune revint. Il avait pu, entre temps réfléchir. La légende des loups-garous courait déjà dans le royaume, mais pas celle du vautour'-garous. Et il était bien devenu un vautour-garou. Il s'envola avec les siens vers le château, et, tandis que ses « frères » dépeçaient un récent sacrifié, et se posa sur le rebord de la fenêtre de son ancienne cellule. De là, il avait vue sur la cour, et même certaines pièces du château. Il aperçut le baron de triste mémoire, sa femme laide comme un rat et sa fille, moche comme un pou, qui jouait avec sa mère dans une sorte de jardinet. Quelle idée stupide que de jouer une nuit de pleine lune ! Il fonça sur la gamine et, avant même que personne ne réagisse, planta ses serres dans le dos de la pucelle acnéique et l'enleva dans les airs, en prenant une direction opposée à celle de la grotte secrète. Dans un champ lointain, il lui fit subir les derniers outrages, lui creva les yeux, et la laissa agonisante, à la garde de sa fratrie qui n'en fit qu'une trentaine de bouchées.
La baronne et le baron étaient en larmes, et Johan jubilait. Il commençait à peine sa vengeance, se doutant que les malédictions qu'il avait écrites sur les pierres eussent été portées à la connaissance du maître de céans.
Ces nuits-là, si ses frères, qu'il entraînait à sa suite, se fiaient à leur odorat, lui, se fiait à sa vue de chat. Il put ainsi explorer le château, et ses pièces sans être repéré. Le temps que la garde et le baron arrivent en la chambre de la laideronne, après qu'elle eut poussé des cris terribles et aussi glaçants que l'air ambiant, il était déjà bien loin.
Tout le monde fut effrayé. La baronne avait été énucléée et, à la place de ses yeux se trouvaient les bouts de ses tétons.
On cria à la sorcellerie. Le rebouteux, qui avait pourtant soigné toute la noble famille fut rôti sans délai et sans jugement. C'était un sale bonhomme. Johan ne regretta pas ce « dommage collatéral »...
Puis tout se calma. Le baron prit une nouvelle femme, une chasseuse de dote qui le ruina en une année. Comme elle usait de ses charmes, le capitaine de la garde prit le pouvoir et enferma de Mauvesin dans la même cellule que celle qu'avait occupée Johan. Il put y goûter au confort, au spectacle du gibet, à la danse des vautours, et même lire les malédictions que personne n'avait pris soin d'effacer.
Peu habitué au régime du pain sec et de l'eau croupie, le baron s'affaiblissait. Tout juste pouvait-il se tenir assis. Un soir de pleine lune, un vautour vint se poser sur le rebord de la fenêtre. Le baron tenta bien de l'en chasser en agitant ses bras et en poussant de faibles cris, mais l'animal ne bougea pas. Alors que la nuit allait se terminer, en se tortillant un peu, le vautour pénétra dans la cellule et s'approcha du prisonnier qui s'était un peu endormi. Ce dernier fut réveillé par une énorme baffe assénée du bout de l'aile. Il avait devant ses yeux le cou du vautour qui ondulait tel un serpent s'apprêtant à hypnotiser sa proie. Il pensait qu'il cauchemardait, mais quand, d'un coup de bec, l'oiseau lui arracha une oreille et que le sang jaillit sur le mur, il comprit qu'il allait mourir. Il s'agenouilla et se mit à prier.
La lune se couchait lorsque le vautour se faufila de nouveau à travers les barreaux de la fenêtre. Et là, le baron assista à sa métamorphose. Il avait devant lui ce Johan qu'il avait jadis si durement châtié. Johan lui sourit, puis descendit le long d'un gros lierre centenaire et disparut à jamais.
Le baron était devenu fou. Mais quelle importance ? Il avait été condamné par sa seconde épouse à finir bientôt en nourriture pour les vautours...

Phil BOTTLE

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Message par Dolo Tarras 17.08.24 19:45

Oh la la c'est un chouia cruel !
En tout cas quelle imagination...
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Message par Phil BOTTLE 17.08.24 19:48

Merci Dolo...

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Message par Fid-ho LAKHA 18.08.24 11:41

Un vautour -garou-chat, une punition sadique, des sévices raffinés ( j’aime bien les tétons à la place des yeux!), voilà une histoire à la cruauté Bottlesque, qui se lit bien !
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Message par Phil BOTTLE 18.08.24 12:42

Merci Fid-ho!
Et Léa Lakha est ... ;-)

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Message par Fid-ho LAKHA 18.08.24 12:53

Phil BOTTLE a écrit:Merci Fid-ho!
Et Léa Lakha est ... ;-)
Ahhh! Si vous connaissiez l’origine du pseudo Fid-ho LAKHA!
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Message par Phil BOTTLE 18.08.24 13:19

Fid-ho LAKHA a écrit:
Phil BOTTLE a écrit:Merci Fid-ho!
Et Léa Lakha est ... ;-)
Ahhh! Si vous connaissiez l’origine du pseudo  Fid-ho LAKHA!

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Gardienne de l'écho, elle rôde vers les sommets et se moque des hommes, comme des orages. Mais les ingénieux la piègent facilement en criant, "J'ai des poils aux fesses et des genoux cagneux " Comme elle ne connaît pas le sens des mots, elle les répète sans honte. On prétend aussi qu'elle es la mère des psittacidés. Tiens, à propos... mais assis toi, confortablement...

Le « psittaciste »


La semaine dernière, alors que mon oncle, capitaine dans la marchande, mélomane et fan de Ravel, était en escale, je l'ai invité, à Brest, dans le meilleur restaurant gastronomique du coin. Cela m'a coûté cher, mais il est seul et je suis son seul neveu, alors... je le soigne, avant que ce soit lui qui ne me soigne, plus tard.
Le restaurant avait toutes les marmites, toutes les fourchettes, toutes les pinces de homard, toutes les toques, toutes les étoiles et tout ça et tout ça... Sa carte était moins chargée que ses cartes.
Le repas était fin, et bien arrosé. De Provence, le chef de rang, un sacré bonhomme avec un accent alsacien long comme un jour sans pain, est venu, à notre départ, nous saluer, sans pour autant franchir le seuil de la porte. Un chef de rang doit savoir se tenir, le tenir, et n'en point sortir.
Une fois dans la rue, pour nous rendre au « bar de la Bolée dorée », où nous avions décidé de finir cette soirée si bien commencée, nous avons dû accélérer le pas car, ce soir-là, il pleuvait sur Brest. Je trouvais cependant le temps pour m'enquérir auprès de lui s'il avait goûté le repas.
 Très bon, me dit-il, mais vois-tu, enfant ( il m'appelait toujours enfant), j'en suis sorti lège.
Et il rit de son bon mot en rotant la morue dessalée qu'il avait mangée l'avant-avant-veille, lors de son escale à Lisbonne. C'est que l'ail lusitanien, ça ne vous lâche pas comme ça.
Au bar de la Bolée dorée, il me dit, ne te vexe pas, enfant, c'était très bon, mais je vais me prendre une galette à la crème d'andouille, cela me rappellera feu mon second.
Diantre, feu ton second ? Ce pauvre Pascal est mort ?
Oui mon enfant. Il est mort. Dans un tripot de Malaka où il avait joué à plus con que moi tu meurs, mais s' il a gagné, il a aussi perdu. C'est con ce jeu ! Nous avons avons veillé à ce qu'il fasse son trou dans l'eau comme je m'en ferai bien un petit de Normandie. « Lillah !  ( Notre serveuse bretonne s'appelait Lillah, en souvenir d'un copain de son papa qui s'appelait La Clédanlc'h ), un Calva ! »
Dos ! Hurlai-je afin qu'il jugeât de ses propres oreilles où s'étaient logés tant de vents, tant de tempêtes, tant de vagues, tant de poissons volants (avec ou sans écailles) et tant et tant qu'il en était resté un peu sourd, de mes progrès dans la langue de Cervantès.
Mon cri jeta un froid dans la salle, et, comme pour l'heure, nous n'étions que nous deux, le froid se fit aussi perçant que mon cri. Il me faudrait d'avantage réfléchir avant que de crier comme un putois auquel on aurait chatouillé la glande qui pue, me dis-je, in petto (et en aparté... )

Nous sirotâmes tous deux nos Calvas et, comme elle me paraissait excellente, je commandai moi aussi une galette à la crème d'andouille, en souvenir de ce pauvre Pascal. Mon oncle, lui, commanda alors une double galette fourrée à la dinde en me disant
— Pour une fois, que veux-tu, c'est la dinde qui a gagné.   Ce n'est pas tous les jours Noël, tant pis pour les marrons.
— Or donc que lui est-il arrivé, à ce pauvre Pascal ? Tu parles bien ce ce pauvre Pascal Amar qui s'était déjà fait encorner par une vache sauvage alors qu'il était allé se soulager sur les bords du Guadalquivir, un matin d'escale arrosée au Jerez dans le port de San Lucar de Barrameda ? Pauvre Pascal !
— Ce pauvre Pascal, comme tu dis, était un érudit doublé d'un sot comme certains durs sont doublés de ouate. C'est particulièrement gênant, surtout pour les œufs. Tu as déjà goûté un œuf dur doublé de ouate ? C'est dégueulasse !  Surtout quand il n'est pas cuit et qu'il s'égoutte, bavant baveux sa ouate. Dégoûtant ! Rien que d'y penser... Lillah, elle ne sont pas encore bouchées, les toilettes, au moins ?
Et il s'absenta.
J'en profitai pour terminer ma galette mais voir la crème d'andouille qui s'en échappait me fit penser aux horribles œufs durs ouatés. Je rejoignis mon oncle aux toilettes. D'ailleurs il en sortait.
—  Trop tard, me dit-il goguenard, elles sont bouchées!  Hé hé !
 Ah, m...ince alors ! Dis-je en prenant la porte puis en empruntant la rue du Quai.
À mon retour, Tonton était en train de décortiquer un homard mayonnaise qu'il avait commandé en mon absence. C'est là que, m'apercevant que je m'étais absenté longtemps, je ressentis comme une petite faim. Serai-je lège, moi aussi, pensai-je ? Lillah, un couscous  aux calamars!
—  Bien Sidi . tiens, Lillah parle maintenant, je la croyais muette ?

— Écoute bien ce que je vais te dire... , écoute bien ce que je vais te dire ! Je vais te parler de psittacisme.
— De psittacisme ?
— De psittacisme.
— Et c'est quoi, le psittacisme ?
— Comment, tu ne sais pas ce que c'est que le psittacisme ?
— Non, je ne sais pas ce que c'est que le psittacisme.
— Et bien, cela a un rapport avec les psittacidés.
— Les psittacidés ?
— Oui les psittacidés, la famille des perroquets.
— Ah, les pères, OK !
— Non, les perroquets. Les perroquets, tu le sais bien, ceux qui ont une fâcheuse tendance à répéter ce qu'ils entendent.
— Oui, les perroquets, ils répètent tant tout ce qu'ils entendent, que cela en devient fâcheux.
— Voilà ! Et bien dans un bar de Malaka, ce con de Pascal, il en repère un.
— Ce con de Pascal il repère un … perroquet ?
— Non, heu, oui, un peu. Il repère un type qui était atteint de psittacisme.
— Non ! de pistachisme ?
— Non ! De psittacisme !
— Non ? Ce type, ce psittasi-chose, il répétait tout ce qu'il entendait ?
— Oui ! Il répétait tout ce qu'il entendait. Alors, tu connais ce con de Pascal, il a voulu rigoler.
— Oui, je connais ce con de Pascal, il a sûrement voulu rigoler.
— Et bien, sais-tu ce qu'il a fait ?
— Et bien, non, qu'est-ce qu'il a fait ?
— Il s'est assis en face de lui, et lui lui a dit...
— Il lui a dit ?
— Il lui a dit, « arrête de répéter tout ce que je dis ! »
— Il lui a dit « arrête de répéter tout ce que je dis ? »
— Oui !
— Non !
—  Oui !
— Ah, et alors ?
— Et alors, l'autre s'est fâché.
— L'autre s'est fâché ? Tu m'étonnes ! Donc l'autre s'est fâché !
— Ouais, il s'est fâché. Tout rouge.
— Thon rouge ?
— Tout rouge ! Comme un gros rouge qui fâche. Et il lui dit, au Pascal, « Hé, Ducon, ce serait pas toi qui répète tout ce que je dis ? »
— Moi qui répète tout ce que tu dis, qu'il dit Pascal ?
— Oui, toi, tu répètes tout ce que je dis !
— Tu te fous de moi, crème d'andouille ? À propos, Lillah une autre, à la crème d'andouille ! Triple !
— Crème d'andouille toi même !
— Non, Lillah pas une, dos !
— Et ajoute un Calva !
— Dos, susurrai-je …


— Donc Pascal, il le traite de crème d'andouille...
— Oui, mais il s'en fait traiter tout autant.
— Ah oui, c'est vrai, il s'en fait traiter tout autant.
— Alors Pascal, tu le connais, il avait ses bons côtés, mais parfois, il était con...
— Ah ! Sacré Pascal, à côté de ses bons cotés, quel con qu'il était parfois...
— Je ne te le fais pas dire ! Pascal donc, il lui dit comme ça « P'tit Gars... »
— Il s'appelait p'tit Gars ? (et Tonton éructa comme un malappris)
— Pardon, c'est l'andouille.
— Quoi l'andouille ! Elle est pas fraîche mon andouille ?
— Te fâche pas Lillah, c'est que depuis les tropiques, mon estomac ne supporte plus ce qui est fade.
— Fade ? Mon andouille ! Attends ! Je vais te faire gober des becs d'oiseaux et tu vas voir si tu vas pas chanter les Canaries aux tropiques !
— Tonton, tu disais ?
— Je disais ? Ah oui, je disais, Pascal, il a dit : «  P'tit gars, tu te fous de moi et moi, je n'aime pas ça ».
— Ah bon, Pascal a dit : «  P'tit gars, tu te fous de moi et moi, je n'aime pas ça » ? Les becs d'oiseaux ?
— Ouais, en partie Pascal, il a dit : «  P'tit gars, tu te fous de moi et moi, je n'aime pas ça ». Et l'autre, il lui a dit tout de go « Ducon, tu te fous de moi et moi, je n'aime pas ça !
— Non ? L'autre, il lui a dit tout de go « Ducon, tu te fous de moi et moi, je n'aime pas ça !
— Ouais, il lui a dit ça !
— Il lui a dit ça ?
— Ouais. Et alors..
— Et alors ?
— Alors, Pascal, il a voulu dédramatiser.
— Ah ouais, Pascal, il aime pas les histoires ? Il plaisante, il énerve, et puis après, il dédramatise, tout le monde rit, et tout le monde part content, copains comme cochons.
— Copains comme cochons, ouais sauf que ce coup là, ça n'a pas marché.
— Pas marché ? Il aimait pas le cochon ou il était musulman ? Lillah, elles arrivent ces crèmes d'andouille ?
— Il n'aimait pas le cochon, et il n'était pas musulman. Il était aussi con que Pascal. Un peu moins quand même.
— C'est vrai que pour trouver plus con que lui, à ses heures, il fallait très tôt se lever.
— Voilà que Pascal se lève.
— Ah, Pascal se lève !
— Tu sais comment il était Pascal, deux mètres douze et demi. Et ce demi, il était fier, ce con !
— Ah, sacré Pascal, de son deux mètres douze et demi, qu'il était fier quand il commandait un demi ! À propos, Lillah, ces Calvas c'est pour ici pour ailleurs ?
— Pascal, il mit sa main à sa poche pour en sortir son revolver.
— Pascal, il mit sa main à sa poche pour en ssss sortir ssss son revolver ?
— Pascal, il mit sa main à sa poche pour en sortir son revolver. Celui, factice, de farces et attrapes que quand tu tires, tu te rappelles, il en sort un mouchoir  sur lequel il y a écrit Bang !
— Ah, oui, son revolver. Celui, factice, de farci de tripes de Trappes que quand il tire, je me rappelle, il en sort un mouchoir sur lequel il y a écrit Bang !
— Bang qu'il y avait écrit dessus. Mais le P'tit Gars, y savait pas lire la langue de ce con de Pascal.
— Ah bon, le P'tit Gars, la langue de ce con de Pascal, il savait pas la lire ?
— Non, le P'tit Gars, y savait pas la lire, la langue de Pascal. Alors, il a sorti de sa poche arrière son propre revolver.
— Ah bon, le P'tit Gars qui savait pas la lire, la langue de Pascal, il a sorti de ssss sa poche ssss son propre revolver ?
— Oui, et quand il a tiré c'est pas un mouchoir qui est sorti ?
— Non ? C'est pas un mouchoir qui est sorti ?
— Non, c'était une...
— C'était une ?
— Une serviette !
— Une serviette ?
— Oui !
— Non !
— Oui, et dessus, il y avait écrit Pan !
— Pan ?
— Non, Pan ! Et alors, ce con de Pascal, il savait pas lire cette langue là lui non plus !
— Lui non plus, il savait pas lire la langue du P'tit Gars ?
— Non, il savait pas. Seulement la parler.
— Ah, seulement la parler ?
— Oui, alors il lui a dit « ta gueule abruti ! »
— Ta gueule abruti ?
— Non, ta gueule abruti !
— Lillah, ces Calvas !
— Vos gueules, abrutis ! Y a deux plombes que vous les avez bus !
— Et alors, alors, ils ont rigolé, ils ont bu, et ils sont partis cochons comme copains.
— Ils sont partis cochons comme copains ? Mais alors, ce con de Pascal, il est pas mort ?
— Ben non, il est pas mort. Mais tu ne devrais pas répéter tout ce qu'on te dit. Cela s'appelle du psittacisme ? Et sait-on jamais.
— Oui, sait-on jamais.
— À propos, si tu vois Pascal, ne la lui répète pas.
— Juré ! Je ne la lui répéterai pas !


Je sais pas vous, mais je vais aller voir du côté du Bar de la Bolée voir s'il n'y aurait des restes de crème d'andouille qui traînerait par- là. Avec un Calva.

- « DOS !!! »

Phil BOTTLE

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Message par Titi 18.08.24 13:58

Absolument génial ! merci !
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Message par Titi 18.08.24 14:00

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Vous pensez bien que maintenant on l'attend de pied ferme, l'origine de votre pseudo ! Allez, aux aveux !
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Message par Fid-ho LAKHA 18.08.24 16:58

Titi a écrit: [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Vous pensez bien que maintenant on l'attend de pied ferme, l'origine de votre pseudo ! Allez, aux aveux !
Ah Ah Ah! C’est vraiment tout bête, mais vraiment bête ! Alors, suspense…
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Message par Titi 18.08.24 17:14

Attendons, alors…
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