Histoire en construction : J'ai rêvé
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Histoire en construction : J'ai rêvé
Titre et début proposés par Pehache.
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J’ai rêvé
J’ai rêvé que j’étais dans un bus ou un car assez ancien. J’étais monté à Paris. J’allais chez ma tante, femme fort croyante, d’une croyance à l’ancienne, intégrale, intégriste, et que je chéris peu,
Toujours est-il qu’après des péripéties que je passe ici sous silence, j’étais descendu d’un premier car, y oubliant d’ailleurs divers objets (des draps, une taie d’oreiller abandonnés dans un rangement ressemblant plutôt aux compartiments prévus à cet effet dans les avions- ils y sont sans doute toujours, à moins, et je le souhaite, qu’un autre rêveur, plus démuni, s’en soit accaparé l’usage).
Descendu de ce premier car, donc, pour une raison que je ne comprends pas bien, j’avais voulu y remonter- pour récupérer les dits objets, mais le voilà qui s’évanouissait dans le lointain pour n’être déjà plus qu’un vague souvenir rêvé.
La perte était de peu d’importance. Je ne souhaitais que mollement me faire le gardien de ces objets dont ma femme m’avait, non sans défiance, (à juste titre, comme on l’a vu), confié la garde.
J’étais donc là, à Paris, peut-être bien non loin de la gare de l’est, et je courais vainement derrière des bus, sans parvenir à lire leur numéro. Les véhicules m’apparaissaient vaguement flous, trop petits, aussi. Ils s’enfuyaient les uns après les autres, et lire leur numéro ne m’aurait rien appris : je ne savais ni lequel je devais prendre ni dans quelle direction aller et, qui plus est, et je m’en aperçus, je ne me rappelai plus exactement l’adresse… Quelque chose ayant à voir avec Dieu ou des infirmières ? Les passants interrogés me riaient au nez. Sans cruauté aucune. Ils riaient de ma naïveté. J’étais, pourtant, un peu désemparé.
Et puis je suis monté à bord d’un autre car qui s’est, je crois, arrêté pour moi.
Je parle avec le chauffeur. Un peu. Est-il en train de conduire ? Je ne sais plus. Il y a quelques passagers. Je vois trois jeunes (?) femmes, en jupes et hauts écossais. Leurs visages tristes sont maquillés de pâles taches de rouge, de vert, de jaune. L’une d’elle, bientôt, viendra s’asseoir près de moi, contre moi. La plus âgée, je crois. La plus grande, en tous cas, leurs tailles respectives se répartissant de la fillette à la jeune adulte sans que leur morphologie, mince mais, à n’en point douter, mature, diffère.
Mes doigts traduisent ma gêne, pianotent sur mes genoux quelques notes des quatre saisons, je n’ai pas de violon, en ai-je possédé un ? peu importe, je n’aurais sans doute jamais étudié de concerto bien que les murs de l’appartement de la tante suintent le classique, qu’elle-même ne jure que par d’odieux, à mes oreilles, opéras italiens. Monteverdi, ça c’est de la bonne ! La musique se fait chuchotements, s’échappe par une vitre entrouverte du car balloté. Le chaos s’installe entre mes tempes, les trois filles ont pris place autour de moi, la plus grande me colle, les deux autres me font face, je suis pris au piège de ces pastels mélancoliques. L’arantèle se déploie sur les voyageurs, masque leurs faces, fige le conducteur, le car s’arrête. Je suis tenté de descendre mais n’ai le temps d’esquisser le moindre geste, une main noueuse agrippe ma manche, demande quelques pièces en échange d’un tirage des lignes de la main. Je me dégage et cours vers la sortie, trébuche sur des marches de coton, tombe à genoux sur le trottoir, devant une porte en bois fissurée, par le temps sans doute, ou par les faux que l’on a aiguisées antan ; m’accroche au heurtoir, frappe de toute mes forces, m’attendant à voir apparaître ma parente. Personne ne répond, au bout de la rue, une pancarte avec son nom « impasse impaire ».
Alors, je crie, un long cri modulé, aux notes de fruits pourris, dégoulinants de peur bleue !
La porte se défissure et se met à boursoufler. D'énormes bubons pestilentiels en sortent et me font suffoquer : l'odeur accroche mes narines, elle les étire si loin que l’épeire vient s'y poser et tisser sa toile. Elle pond sur mes mains, vite recouvertes de ses rejetons qui pénètrent toutes mes ouvertures. Le corps enfle. Ça gargouille dedans ; je grossis tant et si bien que j'atteins la pancarte de l'impasse. Elle gondole et se plie, faisant fuir l'impaire. Cette dernière rejoint la paire de bosons égarés sur le trottoir et les projette dans l'espace, où mon Moi devenu sphère, se met à tournoyer sur lui-même. Je ne peux résister à la force qui me propulse, mais, soudain, des mains se tendent hors des boursouflures de la porte couleur de miel. Elles s'étirent, s'allongent et me rattrapent, pour me balancer dans le bus numéro 3, dont je parviens enfin, à lire le matricule...
J'atterris sur la taie et le coussin que j'avais égarés, et me retrouve, allongé, figé, sous le grand drap couleur de ciel, tout droit sorti, en virevoltant, du compartiment du bus numéro 5...
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J’ai rêvé
J’ai rêvé que j’étais dans un bus ou un car assez ancien. J’étais monté à Paris. J’allais chez ma tante, femme fort croyante, d’une croyance à l’ancienne, intégrale, intégriste, et que je chéris peu,
Toujours est-il qu’après des péripéties que je passe ici sous silence, j’étais descendu d’un premier car, y oubliant d’ailleurs divers objets (des draps, une taie d’oreiller abandonnés dans un rangement ressemblant plutôt aux compartiments prévus à cet effet dans les avions- ils y sont sans doute toujours, à moins, et je le souhaite, qu’un autre rêveur, plus démuni, s’en soit accaparé l’usage).
Descendu de ce premier car, donc, pour une raison que je ne comprends pas bien, j’avais voulu y remonter- pour récupérer les dits objets, mais le voilà qui s’évanouissait dans le lointain pour n’être déjà plus qu’un vague souvenir rêvé.
La perte était de peu d’importance. Je ne souhaitais que mollement me faire le gardien de ces objets dont ma femme m’avait, non sans défiance, (à juste titre, comme on l’a vu), confié la garde.
J’étais donc là, à Paris, peut-être bien non loin de la gare de l’est, et je courais vainement derrière des bus, sans parvenir à lire leur numéro. Les véhicules m’apparaissaient vaguement flous, trop petits, aussi. Ils s’enfuyaient les uns après les autres, et lire leur numéro ne m’aurait rien appris : je ne savais ni lequel je devais prendre ni dans quelle direction aller et, qui plus est, et je m’en aperçus, je ne me rappelai plus exactement l’adresse… Quelque chose ayant à voir avec Dieu ou des infirmières ? Les passants interrogés me riaient au nez. Sans cruauté aucune. Ils riaient de ma naïveté. J’étais, pourtant, un peu désemparé.
Et puis je suis monté à bord d’un autre car qui s’est, je crois, arrêté pour moi.
Je parle avec le chauffeur. Un peu. Est-il en train de conduire ? Je ne sais plus. Il y a quelques passagers. Je vois trois jeunes (?) femmes, en jupes et hauts écossais. Leurs visages tristes sont maquillés de pâles taches de rouge, de vert, de jaune. L’une d’elle, bientôt, viendra s’asseoir près de moi, contre moi. La plus âgée, je crois. La plus grande, en tous cas, leurs tailles respectives se répartissant de la fillette à la jeune adulte sans que leur morphologie, mince mais, à n’en point douter, mature, diffère.
Mes doigts traduisent ma gêne, pianotent sur mes genoux quelques notes des quatre saisons, je n’ai pas de violon, en ai-je possédé un ? peu importe, je n’aurais sans doute jamais étudié de concerto bien que les murs de l’appartement de la tante suintent le classique, qu’elle-même ne jure que par d’odieux, à mes oreilles, opéras italiens. Monteverdi, ça c’est de la bonne ! La musique se fait chuchotements, s’échappe par une vitre entrouverte du car balloté. Le chaos s’installe entre mes tempes, les trois filles ont pris place autour de moi, la plus grande me colle, les deux autres me font face, je suis pris au piège de ces pastels mélancoliques. L’arantèle se déploie sur les voyageurs, masque leurs faces, fige le conducteur, le car s’arrête. Je suis tenté de descendre mais n’ai le temps d’esquisser le moindre geste, une main noueuse agrippe ma manche, demande quelques pièces en échange d’un tirage des lignes de la main. Je me dégage et cours vers la sortie, trébuche sur des marches de coton, tombe à genoux sur le trottoir, devant une porte en bois fissurée, par le temps sans doute, ou par les faux que l’on a aiguisées antan ; m’accroche au heurtoir, frappe de toute mes forces, m’attendant à voir apparaître ma parente. Personne ne répond, au bout de la rue, une pancarte avec son nom « impasse impaire ».
Alors, je crie, un long cri modulé, aux notes de fruits pourris, dégoulinants de peur bleue !
La porte se défissure et se met à boursoufler. D'énormes bubons pestilentiels en sortent et me font suffoquer : l'odeur accroche mes narines, elle les étire si loin que l’épeire vient s'y poser et tisser sa toile. Elle pond sur mes mains, vite recouvertes de ses rejetons qui pénètrent toutes mes ouvertures. Le corps enfle. Ça gargouille dedans ; je grossis tant et si bien que j'atteins la pancarte de l'impasse. Elle gondole et se plie, faisant fuir l'impaire. Cette dernière rejoint la paire de bosons égarés sur le trottoir et les projette dans l'espace, où mon Moi devenu sphère, se met à tournoyer sur lui-même. Je ne peux résister à la force qui me propulse, mais, soudain, des mains se tendent hors des boursouflures de la porte couleur de miel. Elles s'étirent, s'allongent et me rattrapent, pour me balancer dans le bus numéro 3, dont je parviens enfin, à lire le matricule...
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Dernière édition par Lix le 17.09.24 15:43, édité 10 fois
Lix- Messages : 502
Date d'inscription : 05/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
Merci [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] !
J’ai rêvé que j’étais dans un bus ou un car assez ancien. J’étais monté à Paris. J’allais chez ma tante, femme fort croyante, d’une croyance à l’ancienne, intégrale, intégriste, et que je chéris peu,
Toujours est-il qu’après des péripéties que je passe ici sous silence, j’étais descendu d’un premier car, y oubliant d’ailleurs divers objets (des draps, une taie d’oreiller abandonnés dans un rangement ressemblant plutôt aux compartiments prévus à cet effet dans les avions- ils y sont sans doute toujours, à moins, et je le souhaite, qu’un autre rêveur, plus démuni, s’en soit accaparé l’usage).
Descendu de ce premier car, donc, pour une raison que je ne comprends pas bien, j’avais voulu y remonter- pour récupérer les dits objets, mais le voilà qui s’évanouissait dans le lointain pour n’être déjà plus qu’un vague souvenir rêvé.
La perte était de peu d’importance. Je ne souhaitais que mollement me faire le gardien de ces objets dont ma femme m’avait, non sans défiance, (à juste titre, comme on l’a vu), confié la garde.
J’étais donc là, à Paris, peut-être bien non loin de la gare de l’est, et je courais vainement derrière des bus, sans parvenir à lire leur numéro. Les véhicules m’apparaissaient vaguement flous, trop petits, aussi. Ils s’enfuyaient les uns après les autres, et lire leur numéro ne m’aurait rien appris : je ne savais ni lequel je devais prendre ni dans quelle direction aller et, qui plus est, et je m’en aperçus, je ne me rappelai plus exactement l’adresse… Quelque chose ayant à voir avec Dieu ou des infirmières ? Les passants interrogés me riaient au nez. Sans cruauté aucune. Ils riaient de ma naïveté. J’étais, pourtant, un peu désemparé.
Et puis je suis monté à bord d’un autre car qui s’est, je crois, arrêté pour moi.
Je parle avec le chauffeur. Un peu. Est-il en train de conduire ? Je ne sais plus. Il y a quelques passagers. Je vois trois jeunes (?) femmes, en jupes et hauts écossais. Leurs visages tristes sont maquillés de pâles taches de rouge, de vert, de jaune. L’une d’elle, bientôt, viendra s’asseoir près de moi, contre moi. La plus âgée, je crois. La plus grande, en tous cas, leurs tailles respectives se répartissant de la fillette à la jeune adulte sans que leur morphologie, mince mais, à n’en point douter, mature, diffère.
J’ai rêvé que j’étais dans un bus ou un car assez ancien. J’étais monté à Paris. J’allais chez ma tante, femme fort croyante, d’une croyance à l’ancienne, intégrale, intégriste, et que je chéris peu,
Toujours est-il qu’après des péripéties que je passe ici sous silence, j’étais descendu d’un premier car, y oubliant d’ailleurs divers objets (des draps, une taie d’oreiller abandonnés dans un rangement ressemblant plutôt aux compartiments prévus à cet effet dans les avions- ils y sont sans doute toujours, à moins, et je le souhaite, qu’un autre rêveur, plus démuni, s’en soit accaparé l’usage).
Descendu de ce premier car, donc, pour une raison que je ne comprends pas bien, j’avais voulu y remonter- pour récupérer les dits objets, mais le voilà qui s’évanouissait dans le lointain pour n’être déjà plus qu’un vague souvenir rêvé.
La perte était de peu d’importance. Je ne souhaitais que mollement me faire le gardien de ces objets dont ma femme m’avait, non sans défiance, (à juste titre, comme on l’a vu), confié la garde.
J’étais donc là, à Paris, peut-être bien non loin de la gare de l’est, et je courais vainement derrière des bus, sans parvenir à lire leur numéro. Les véhicules m’apparaissaient vaguement flous, trop petits, aussi. Ils s’enfuyaient les uns après les autres, et lire leur numéro ne m’aurait rien appris : je ne savais ni lequel je devais prendre ni dans quelle direction aller et, qui plus est, et je m’en aperçus, je ne me rappelai plus exactement l’adresse… Quelque chose ayant à voir avec Dieu ou des infirmières ? Les passants interrogés me riaient au nez. Sans cruauté aucune. Ils riaient de ma naïveté. J’étais, pourtant, un peu désemparé.
Et puis je suis monté à bord d’un autre car qui s’est, je crois, arrêté pour moi.
Je parle avec le chauffeur. Un peu. Est-il en train de conduire ? Je ne sais plus. Il y a quelques passagers. Je vois trois jeunes (?) femmes, en jupes et hauts écossais. Leurs visages tristes sont maquillés de pâles taches de rouge, de vert, de jaune. L’une d’elle, bientôt, viendra s’asseoir près de moi, contre moi. La plus âgée, je crois. La plus grande, en tous cas, leurs tailles respectives se répartissant de la fillette à la jeune adulte sans que leur morphologie, mince mais, à n’en point douter, mature, diffère.
Lix- Messages : 502
Date d'inscription : 05/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
je prends !
Lix- Messages : 502
Date d'inscription : 05/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
La répétition du mot » car » est elle voulue?
Fid-ho LAKHA- Messages : 328
Date d'inscription : 07/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
Mes doigts traduisent ma gêne, pianotent sur mes genoux quelques notes des quatre saisons, je n’ai pas de violon, en ai-je possédé un ? peu importe, je n’aurais sans doute jamais étudié de concerto bien que les murs de l’appartement de la tante suintent le classique, qu’elle-même ne jure que par d’odieux, à mes oreilles, opéras italiens. Monteverdi, ça c’est de la bonne ! La musique se fait chuchotements, s’échappe par une vitre entrouverte du car balloté. Le chaos s’installe entre mes tempes, les trois filles ont pris place autour de moi, la plus grande me colle, les deux autres me font face, je suis pris au piège de ces pastels mélancoliques. L’arantèle se déploie sur les voyageurs, masque leurs faces, fige le conducteur, le car s’arrête. Je suis tenté de descendre mais n’ai le temps d’esquisser le moindre geste, une main noueuse agrippe ma manche, demande quelques pièces en échange d’un tirage des lignes de la main. Je me dégage et cours vers la sortie, trébuche sur des marches de coton, tombe à genoux sur le trottoir, devant une porte en bois fissurée, par le temps sans doute, ou par les faux que l’on a aiguisées antan ; m’accroche au heurtoir, frappe de toute mes forces, m’attendant à voir apparaître ma parente. Personne ne répond, au bout de la rue, une pancarte avec son nom "impasse impaire".
Lix- Messages : 502
Date d'inscription : 05/08/2024
Jean Paul et Fid-ho LAKHA aiment ce message
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
Quelqu'un est-il tenté de poursuivre ?
Lix- Messages : 502
Date d'inscription : 05/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
Alors, je crie, un long cri modulé, aux notes de fruits pourris, dégoulinants de peur bleue !
La porte se défissure et se met à boursoufler. D'énormes bubons pestilentiels en sortent et me font suffoquer: l'odeur accroche mes narines, elle les étire si loin que l’épeire vient s'y poser et tisser sa toile. Elle pond sur mes mains, vite recouvertes de ses rejetons qui pénètrent toutes mes ouvertures. Le corps enfle. Ca gargouille dedans; je grossis tant et si bien que j'atteins la pancarte de l'impasse. Elle gondole et se plie, faisant fuir l'impaire. Cette dernière rejoint la paire de bosons égarés sur le trottoir et les projette dans l'espace, où mon Moi devenu sphère, se met à tournoyer sur lui-même. Je ne peux résister à la force qui me propulse, mais, soudain, des mains se tendent hors des boursouflures de la porte couleur de miel. Elles s'étirent, s'allongent et me rattrapent, pour me balancer dans le bus numéro 3, dont je parviens enfin, à lire le matricule...
J'atterris sur la taie et le coussin que j'avais égarés, et me retrouve, allongé, figé, sous le grand drap couleur de ciel, tout droit sorti, en virevoltant, du compartiment du bus numéro 5...
La porte se défissure et se met à boursoufler. D'énormes bubons pestilentiels en sortent et me font suffoquer: l'odeur accroche mes narines, elle les étire si loin que l’épeire vient s'y poser et tisser sa toile. Elle pond sur mes mains, vite recouvertes de ses rejetons qui pénètrent toutes mes ouvertures. Le corps enfle. Ca gargouille dedans; je grossis tant et si bien que j'atteins la pancarte de l'impasse. Elle gondole et se plie, faisant fuir l'impaire. Cette dernière rejoint la paire de bosons égarés sur le trottoir et les projette dans l'espace, où mon Moi devenu sphère, se met à tournoyer sur lui-même. Je ne peux résister à la force qui me propulse, mais, soudain, des mains se tendent hors des boursouflures de la porte couleur de miel. Elles s'étirent, s'allongent et me rattrapent, pour me balancer dans le bus numéro 3, dont je parviens enfin, à lire le matricule...
J'atterris sur la taie et le coussin que j'avais égarés, et me retrouve, allongé, figé, sous le grand drap couleur de ciel, tout droit sorti, en virevoltant, du compartiment du bus numéro 5...
Dernière édition par Fid-ho LAKHA le 17.09.24 12:16, édité 1 fois
Fid-ho LAKHA- Messages : 328
Date d'inscription : 07/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
merci Fid-ho, une lecture bien agréable en buvant mon café ! :-)
quelqu'un prendra-t-il la suite ?
quelqu'un prendra-t-il la suite ?
Lix- Messages : 502
Date d'inscription : 05/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
Lix a écrit:merci Fid-ho, une lecture bien agréable en buvant mon café ! :-)
quelqu'un prendra-t-il la suite ?
C’était un premier essai de pur délire, pas très ragoûtant au p’tit dej, j’avoue! Attention à l’ordi ! ( café)
Fid-ho LAKHA- Messages : 328
Date d'inscription : 07/08/2024
Lix aime ce message
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
Hello,
Piou piou cela rêve sec !
Est-ce normal la répétition de ce paragraphe :
Mes doigts traduisent ma gêne, pianotent sur mes genoux quelques notes des quatre saisons, je n’ai pas de violon, en ai-je possédé un ? peu importe, je n’aurais sans doute jamais étudié de concerto bien que les murs de l’appartement de la tante suintent le classique, qu’elle-même ne jure que par d’odieux, à mes oreilles, opéras italiens. Monteverdi, ça c’est de la bonne ! La musique se fait chuchotements, s’échappe par une vitre entrouverte du car balloté. Le chaos s’installe entre mes tempes, les trois filles ont pris place autour de moi, la plus grande me colle, les deux autres me font face, je suis pris au piège de ces pastels mélancoliques. L’arantèle se déploie sur les voyageurs, masque leurs faces, fige le conducteur, le car s’arrête. Je suis tenté de descendre mais n’ai le temps d’esquisser le moindre geste, une main noueuse agrippe ma manche, demande quelques pièces en échange d’un tirage des lignes de la main. Je me dégage et cours vers la sortie, trébuche sur des marches de coton, tombe à genoux sur le trottoir, devant une porte en bois fissurée, par le temps sans doute, ou par les faux que l’on a aiguisées antan ; m’accroche au heurtoir, frappe de toute mes forces, m’attendant à voir apparaître ma parente. Personne ne répond, au bout de la rue, une pancarte avec son nom "impasse impaire".
Piou piou cela rêve sec !
Est-ce normal la répétition de ce paragraphe :
Mes doigts traduisent ma gêne, pianotent sur mes genoux quelques notes des quatre saisons, je n’ai pas de violon, en ai-je possédé un ? peu importe, je n’aurais sans doute jamais étudié de concerto bien que les murs de l’appartement de la tante suintent le classique, qu’elle-même ne jure que par d’odieux, à mes oreilles, opéras italiens. Monteverdi, ça c’est de la bonne ! La musique se fait chuchotements, s’échappe par une vitre entrouverte du car balloté. Le chaos s’installe entre mes tempes, les trois filles ont pris place autour de moi, la plus grande me colle, les deux autres me font face, je suis pris au piège de ces pastels mélancoliques. L’arantèle se déploie sur les voyageurs, masque leurs faces, fige le conducteur, le car s’arrête. Je suis tenté de descendre mais n’ai le temps d’esquisser le moindre geste, une main noueuse agrippe ma manche, demande quelques pièces en échange d’un tirage des lignes de la main. Je me dégage et cours vers la sortie, trébuche sur des marches de coton, tombe à genoux sur le trottoir, devant une porte en bois fissurée, par le temps sans doute, ou par les faux que l’on a aiguisées antan ; m’accroche au heurtoir, frappe de toute mes forces, m’attendant à voir apparaître ma parente. Personne ne répond, au bout de la rue, une pancarte avec son nom "impasse impaire".
Dolo Tarras- Messages : 160
Date d'inscription : 06/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
ben non, j'ai merdouillé, merci Dolo, je vais retirer mes moufles et rectifier
Lix- Messages : 502
Date d'inscription : 05/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
J’ai rêvé
J’ai rêvé que j’étais dans un bus ou un car assez ancien. J’étais monté à Paris. J’allais chez ma tante, femme fort croyante, d’une croyance à l’ancienne, intégrale, intégriste, et que je chéris peu,
Toujours est-il qu’après des péripéties que je passe ici sous silence, j’étais descendu d’un premier car, y oubliant d’ailleurs divers objets (des draps, une taie d’oreiller abandonnés dans un rangement ressemblant plutôt aux compartiments prévus à cet effet dans les avions- ils y sont sans doute toujours, à moins, et je le souhaite, qu’un autre rêveur, plus démuni, s’en soit accaparé l’usage).
Descendu de ce premier véhicule, donc, pour une raison que je ne comprends pas bien, j’avais voulu y remonter- pour récupérer les dits objets, mais le voilà qui s’évanouissait dans le lointain pour n’être déjà plus qu’un vague souvenir rêvé.
La perte était de peu d’importance. Je ne souhaitais que mollement me faire le gardien de ces objets dont ma femme m’avait, non sans défiance, (à juste titre, comme on l’a vu), confié la garde.
J’étais donc là, à Paris, peut-être bien non loin de la gare de l’est, et je courais vainement derrière des bus, sans parvenir à lire leur numéro. Les véhicules m’apparaissaient vaguement flous, trop petits, aussi. Ils s’enfuyaient les uns après les autres, et lire leur numéro ne m’aurait rien appris : je ne savais ni lequel je devais prendre ni dans quelle direction aller et, qui plus est, et je m’en aperçus, je ne me rappelai plus exactement l’adresse… Quelque chose ayant à voir avec Dieu ou des infirmières ? Les passants interrogés me riaient au nez. Sans cruauté aucune. Ils riaient de ma naïveté. J’étais, pourtant, un peu désemparé.
Et puis je suis monté à bord d’un autre car qui s’est, je crois, arrêté pour moi.
Je parle avec le chauffeur. Un peu. Est-il en train de conduire ? Je ne sais plus. Il y a quelques passagers. Je vois trois jeunes (?) femmes, en jupes et hauts écossais. Leurs visages tristes sont maquillés de pâles taches de rouge, de vert, de jaune. L’une d’elle, bientôt, viendra s’asseoir près de moi, contre moi. La plus âgée, je crois. La plus grande, en tous cas, leurs tailles respectives se répartissant de la fillette à la jeune adulte sans que leur morphologie, mince mais, à n’en point douter, mature, diffère.
Mes doigts traduisent ma gêne, pianotent sur mes genoux quelques notes des quatre saisons, je n’ai pas de violon, en ai-je possédé un ? peu importe, je n’aurais sans doute jamais étudié de concerto bien que les murs de l’appartement de la tante suintent le classique, qu’elle-même ne jure que par d’odieux, à mes oreilles, opéras italiens. Monteverdi, ça c’est de la bonne ! La musique se fait chuchotements, s’échappe par une vitre entrouverte du car balloté. Le chaos s’installe entre mes tempes, les trois filles ont pris place autour de moi, la plus grande me colle, les deux autres me font face, je suis pris au piège de ces pastels mélancoliques. L’arantèle se déploie sur les voyageurs, masque leurs faces, fige le conducteur, le car s’arrête. Je suis tenté de descendre mais n’ai le temps d’esquisser le moindre geste, une main noueuse agrippe ma manche, demande quelques pièces en échange d’un tirage des lignes de la main. Je me dégage et cours vers la sortie, trébuche sur des marches de coton, tombe à genoux sur le trottoir, devant une porte en bois fissurée, par le temps sans doute, ou par les faux que l’on a aiguisées antan ; m’accroche au heurtoir, frappe de toute mes forces, m’attendant à voir apparaître ma parente. Personne ne répond, au bout de la rue, une pancarte avec son nom "impasse impaire".
Alors, je crie, un long cri modulé, aux notes de fruits pourris, dégoulinant de peur bleue !
La porte se défissure et se met à boursoufler. D'énormes bubons pestilentiels en sortent et me font suffoquer: l'odeur accroche mes narines, elle les étire si loin que l'arantèle[ l’arentèle, n’est-ce pas justement la toile?] vient s'y poser et tisser sa toile. Elle pond sur mes mains, vite recouvertes de ses rejetons qui pénètrent toutes mes ouvertures. Le corps enfle. Ca gargouille dedans ; je grossis tant et si bien que j'atteins la pancarte de l'impasse. Elle gondole et se plie, faisant fuir l'impaire. Cette dernière rejoint la paire de bosons égarés sur le trottoir et les projette dans l'espace, où mon Moi devenu sphère, se met à tournoyer sur lui-même. Je ne peux résister à la force qui me propulse, mais, soudain, des mains se tendent hors des boursouflures de la porte couleur de miel. Elles s'étirent, s'allongent et me rattrapent, pour me balancer dans le bus numéro 3, dont je parviens enfin, à lire le matricule...
J'atterris sur la taie et le coussin que j'avais égarés, et me retrouve, allongé, figé, sous le grand drap couleur de ciel, tout droit sorti, en virevoltant, du compartiment du bus numéro 5...
pehache- Messages : 75
Date d'inscription : 10/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
Impaire et paire, c’était voulu! Par contre, faisant suite à Lix, j’ai cru que l’arantele était le nom d’une araignée. Un peu feignasse, je n’ai pas vérifié…Je vais chercher un nom d’araignée. Merci pour la correction!
Dernière édition par Fid-ho LAKHA le 18.09.24 9:11, édité 1 fois
Fid-ho LAKHA- Messages : 328
Date d'inscription : 07/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
C’est bon! J’ai mis « épeire au lieu de « arantele»…
Dernière édition par Fid-ho LAKHA le 18.09.24 9:13, édité 1 fois
Fid-ho LAKHA- Messages : 328
Date d'inscription : 07/08/2024
pehache aime ce message
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
ok, j'ai rectifié "épeire" en dur.
Lix- Messages : 502
Date d'inscription : 05/08/2024
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Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
quelqu'un prend la main ?
Lix- Messages : 502
Date d'inscription : 05/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
Merci! Donc, j’ai appris ce qu’est une arantele!!Je crois que vous l’utilisez souvent …Je croyais que c’était l’araignée !Lix a écrit:ok, j'ai rectifié "épeire" en dur.
Dernière édition par Fid-ho LAKHA le 17.09.24 23:52, édité 1 fois
Fid-ho LAKHA- Messages : 328
Date d'inscription : 07/08/2024
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
Un mot dont je raffole aussi.
Je me permets (j'impose, en fait!) de mettre, sans liens entre eux, deux petits poèmes où j'ai utilisé le mot. Je crois qu'il y en a d'autres.)
arantèle et parentelle
sont deux mots à marier
leurs sonorités se mêlent
comme poissons à la criée
*
et ça:
sans arantèle tarentule
je suis à peine une araignée
et ma douleur dessous sa tulle
ne se résout pas à saigner
Je me permets (j'impose, en fait!) de mettre, sans liens entre eux, deux petits poèmes où j'ai utilisé le mot. Je crois qu'il y en a d'autres.)
arantèle et parentelle
sont deux mots à marier
leurs sonorités se mêlent
comme poissons à la criée
*
et ça:
sans arantèle tarentule
je suis à peine une araignée
et ma douleur dessous sa tulle
ne se résout pas à saigner
pehache- Messages : 75
Date d'inscription : 10/08/2024
Fid-ho LAKHA aime ce message
Re: Histoire en construction : J'ai rêvé
J'aime beaucoup le premier, j'ai un peu de mal à comprendre le second, sans doute que mon neurone n'est pas encore bien réveillé :-)
Lix- Messages : 502
Date d'inscription : 05/08/2024
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