Forcée(s) sur une proposition de Jean

Ce défi drabble a été lancé sur un autre support, je le rapatrie ici afin qu'il puisse continuer sa route.

Le sujet est : Forcée(s)

Les textes existants sont présentés ci-dessous dans l'ordre de leur publication.

Bonne continuation !

Jean :

Ce n'est pas la première fois qu’on entre chez moi par effraction. Impossible de refermer la porte subtilement fracturée. Mon carnet intime a disparu ! Avec mes codes secrets, les récits de mes aventures plus ou moins avouables, mes émerveillements, mes déceptions. 
Par ce larcin, mon cambrioleur fantôme a fait ressurgir tout un passé, des images douloureuses, des moments de vie que je m’étais efforcée d’oublier.
Oups ! Il n’y avait de détrousseur que dans mon imagination, le rideau  occultant interdisait une bonne fermeture du battant.
Mais où avais-je donc bien pu cacher ce maudit calepin ?

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Jean :

Ce jour-là, elle s'était trompée de route. Pressée de regagner ses pénates, elle avait roulé de nuit et s'était retrouvée sur les bords du canal. Sa  bagnole de luxe avait heurté la borne kilométrique, effectué quelques embardées avant de s'encastrer dans un amandier... 
La carrosserie avait souffert, le  moteur fumait, la voiture était foutue. Sonnée, elle  sortit flageolante de son cabriolet réduit à l'état d'épave. Le clochard qu’elle avait failli écraser émergea à grand peine de son tas de cartons.
"Ma belle tu vas devoir payer maintenant !" avait-il dit en se rajustant.

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Fid-ho :

Marie, Flavie, Sarah, Neige, Vanessa, j’ai lu vos histoires parmi celles de tant d’inconnues…. Marie, tes vacances scolaires chez le grand-père admiré … Flavie, ta mère, t’amenait chez ce photographe au célèbre «  flou artistique », spécialiste de fillettes sur agendas ou posters pour ados… Sarah, 10 fois championne de patinage : ton coach bienveillant, apprécié des parents, te conduisait aux entraînements, t’hébergeait pendant les stages… Neige, 7 ans, tu devins "la princesse" de ton beau-père montagnard… Vanessa, choisie, à peine adolescente, par un illustre écrivain quinquagénaire… Quand vous avez parlé, plus tard… C’était parfois trop tard…

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Jean :

J’entends que ça s’agite dans la pièce aseptisée ; c'est aujourd’hui que je plonge dans l’inconnu. Au dehors filtre la lumière. Que de temps passé dans le noir ! Je me suis préparé, suis devenu fort, ai peaufiné mon entrée en scène. 
- À quoi va  ressembler le monde hors de la matrice ? Je suis vraiment anxieux. Les temps qui s’annoncent ne seront que joie et aventures, je vais pouvoir vivre au grand jour.
Je pousse une dernière fois, force le passage, une famille m’attend  je vais enfin découvrir maman qui saura prendre soin de moi.

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Dolo :

Après une semaine à refuser la réalité, j'admis avoir perdu la face ou plutôt la ligne. Je devais réagir si je voulais retrouver celle de mes vingt ans. Mais quelle idée aussi de ressortir ma robe de mariée et de l'essayer. Et surtout quel pari idiot que celui de cette soirée-défilé des années 80.
Quel supplice de passer tel un éclair devant la pâtisserie pour ne pas céder à la tentation ! Mais enfin, suis-je vraiment forcée de m'infliger une pareille punition ? Pour les beaux yeux de qui en plus ? Personne ! Alors basta et miam miam.

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Lix :

Le sous-bois sent la transpiration acide, la mienne, qui se mêle à la fraîcheur du cours d’eau dans lequel je me jette comme une dératée, lui communique ma peur, pour qu’il la noie, pour qu’il me cache, me protège, me sauve. J’entends la meute, les chasseurs, ils sont proches, de plus en plus, vite, trop. Ils ne m’auront pas, pas maintenant, ce n’est pas encore le moment, celui que je choisirai. Je prends le chemin inverse, vite, très vite, pour brouiller les pistes, tromper ces chiens. Je suis… je suis… la biche effarouchée !

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Jean :

Avec notre vieille guimbarde, nous avions traversé tout le continent, ces vacances familiales avaient débuté dans la joie, les cris, les rires. Arrivée dans mon village natal, j'avais déchanté et m’étais retrouvée piégée par ma  famille, piégée par mon cousin. Je protestais, me lamentais, personne ne m'écoutait. Le désespoir avait envahi mon corps, j'étais morte. Qu'étais-je venue faire dans  ce monde de barbares ? J’étais submergée par la honte et la colère, ma famille m'avait tourné le dos.
J’étais mariée de force, ma vie ne valait plus la peine d'être vécue.