Partir (Un conte de Néandertal, 2)
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Partir (Un conte de Néandertal, 2)
J’ai vu Nêran ramasser un caillou, le jeter vers le ciel et le regarder tomber dans l’eau. Je me suis baissée et j’ai dessiné du bout du doigt un petit cercle sur le sol. J’ai vu au loin, en direction des falaises, Nost qui discutait avec Dezul. Il faisait des gestes, parlait beaucoup et Dezul l’écoutait, sérieux. Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander ce que Nost pouvait bien raconter. Je l’ai su bien assez tôt.
Juste avant le moment où la plupart d’entre nous mangent, quand le soleil est haut, Nost s’est adressé à tous, avec de la gravité dans la voix :
— J’ai parlé à Dezul, qui à son tour souhaite nous parler.
Nost est venu s’asseoir parmi nous et Dezul a pris la parole, debout devant nous :
— Nost m’a dit avoir vu deux Têtes-rondes marcher au bas des falaises, ce matin. Nêran, il y a quelques jours, a trouvé près de chez nous une pointe de flèche semblable à celles des Têtes-rondes. J’avais pour ma part quelques raisons de m’inquiéter depuis quelques lunes, mais c’est maintenant une certitude : ils sont là.
Nous avons tous immédiatement saisi la portée de la nouvelle. La première chose à faire serait de nous cacher, toujours, toujours, toujours. Nous savions bien, grâce aux réunions saisonnières où nous rencontrions les autres tribus environnantes, que les Têtes-rondes n’amenaient que le malheur.
— Nous devons nous cacher et commencer à chercher une nouvelle grotte sur-le-champ. Ils savent que nous vivons ici.
On a entendu des soupirs, des grognements. Tout le monde était conscient du danger. Et tous savaient que « sur-le-champ » voulait dire vraiment tout de suite, sans attendre un instant.
Chacun et chacune s’est chargé de ce qu’il ou elle pouvait emporter, les plus petits enfants ont été accrochés à leurs mères, et on est partis en marchant au rythme des plus âgés. On laissait derrière nous plein d’hivers et d’étés, on avait la gorge serrée mais on marchait, déterminés.
J’ai approché Nêran et lui ai demandé si c’était vrai ce qu’on disait de lui, qu’il avait déjà vu des Têtes-rondes. J’ai senti qu’il était embarrassé pour me répondre.
— Oui, c’est vrai.
— Et…
— Et tu veux savoir ?
— …
— Je…C’était il y a longtemps, au plus chaud de la saison chaude, au soleil haut, au milieu du jour. Je revenais d’une mission pierres à deux jours de marche. Tu sais que régulièrement il nous faut nous approvisionner en pierres pour Jurt. Il ne peut pas tailler n’importe quelles pierres, et je suis l’un de ceux qui connaissent les bons endroits. J’étais chargé de ma peau pleine, je marchais lentement quand j’ai entendu crier. Un cri aigü, de femme. Je n’ai pas eu à chercher longtemps. J’ai vu le feu à flanc de colline, derrière moi, et je commençais à sentir l’odeur de brûlé. Les cris continuaient, c’était… j’ai laissé tomber ma peau et j’ai couru aussi vite que j’ai pu. Des buissons en flammes bouchaient l’entrée d’une cavité et la femme criait, derrière. Heureusement, j’ai vu un accès qu’elle ne pouvait pas voir et je suis entré pour la chercher, je l’ai attrapée par le bras et l’ai fait sortir et on s’est éloignés en courant. C’était une Tête-ronde. Une fois qu’on était assez loin, elle m’a fait comprendre que je devais partir, vite, mais j’ai trop tardé. Elle a reçu une flèche enflammée dans le cou. J’ai vu l’archer, un Tête-ronde, aussi. Il est resté juste assez de vie à la femme pour serrer mes mains et elle s’est effondrée. La flèche a mis le feu aux brindilles puis très vite aux buissons et aux arbres et j’ai sauvé ma peau en courant aussi vite que possible sans me retourner. Voilà, Naviya, ce que j’ai vu des Têtes-rondes.
J’ai pensé au caillou que Nêran avait lancé dans l’eau ce matin.
Juste avant le moment où la plupart d’entre nous mangent, quand le soleil est haut, Nost s’est adressé à tous, avec de la gravité dans la voix :
— J’ai parlé à Dezul, qui à son tour souhaite nous parler.
Nost est venu s’asseoir parmi nous et Dezul a pris la parole, debout devant nous :
— Nost m’a dit avoir vu deux Têtes-rondes marcher au bas des falaises, ce matin. Nêran, il y a quelques jours, a trouvé près de chez nous une pointe de flèche semblable à celles des Têtes-rondes. J’avais pour ma part quelques raisons de m’inquiéter depuis quelques lunes, mais c’est maintenant une certitude : ils sont là.
Nous avons tous immédiatement saisi la portée de la nouvelle. La première chose à faire serait de nous cacher, toujours, toujours, toujours. Nous savions bien, grâce aux réunions saisonnières où nous rencontrions les autres tribus environnantes, que les Têtes-rondes n’amenaient que le malheur.
— Nous devons nous cacher et commencer à chercher une nouvelle grotte sur-le-champ. Ils savent que nous vivons ici.
On a entendu des soupirs, des grognements. Tout le monde était conscient du danger. Et tous savaient que « sur-le-champ » voulait dire vraiment tout de suite, sans attendre un instant.
Chacun et chacune s’est chargé de ce qu’il ou elle pouvait emporter, les plus petits enfants ont été accrochés à leurs mères, et on est partis en marchant au rythme des plus âgés. On laissait derrière nous plein d’hivers et d’étés, on avait la gorge serrée mais on marchait, déterminés.
J’ai approché Nêran et lui ai demandé si c’était vrai ce qu’on disait de lui, qu’il avait déjà vu des Têtes-rondes. J’ai senti qu’il était embarrassé pour me répondre.
— Oui, c’est vrai.
— Et…
— Et tu veux savoir ?
— …
— Je…C’était il y a longtemps, au plus chaud de la saison chaude, au soleil haut, au milieu du jour. Je revenais d’une mission pierres à deux jours de marche. Tu sais que régulièrement il nous faut nous approvisionner en pierres pour Jurt. Il ne peut pas tailler n’importe quelles pierres, et je suis l’un de ceux qui connaissent les bons endroits. J’étais chargé de ma peau pleine, je marchais lentement quand j’ai entendu crier. Un cri aigü, de femme. Je n’ai pas eu à chercher longtemps. J’ai vu le feu à flanc de colline, derrière moi, et je commençais à sentir l’odeur de brûlé. Les cris continuaient, c’était… j’ai laissé tomber ma peau et j’ai couru aussi vite que j’ai pu. Des buissons en flammes bouchaient l’entrée d’une cavité et la femme criait, derrière. Heureusement, j’ai vu un accès qu’elle ne pouvait pas voir et je suis entré pour la chercher, je l’ai attrapée par le bras et l’ai fait sortir et on s’est éloignés en courant. C’était une Tête-ronde. Une fois qu’on était assez loin, elle m’a fait comprendre que je devais partir, vite, mais j’ai trop tardé. Elle a reçu une flèche enflammée dans le cou. J’ai vu l’archer, un Tête-ronde, aussi. Il est resté juste assez de vie à la femme pour serrer mes mains et elle s’est effondrée. La flèche a mis le feu aux brindilles puis très vite aux buissons et aux arbres et j’ai sauvé ma peau en courant aussi vite que possible sans me retourner. Voilà, Naviya, ce que j’ai vu des Têtes-rondes.
J’ai pensé au caillou que Nêran avait lancé dans l’eau ce matin.
Dernière édition par Titi le 28.08.24 16:14, édité 5 fois
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Dolo Tarras, Fid-ho LAKHA et Tinouch aiment ce message
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Sympa cette histoire de têtes rondes! Il y a une suite?
Fid-ho LAKHA- Messages : 467
Date d'inscription : 07/08/2024
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Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Vous avez écrit » têtes rondes2 ». Il y a un numéro 1?
Fid-ho LAKHA- Messages : 467
Date d'inscription : 07/08/2024
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Oui :Têtes-rondes
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Vous l’avez posté, ici?
Fid-ho LAKHA- Messages : 467
Date d'inscription : 07/08/2024
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Oui. Allez voir dans Derniers sujets, vous trouverez Têtes-rondes, aujourd’hui 21h17 Titi
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Ok! J’en reviens! Voir reps du 2 sur le 1! Bientôt le 3?
Fid-ho LAKHA- Messages : 467
Date d'inscription : 07/08/2024
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Je vais essayer le 3, oui !
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Encore ! Encore ! Mais en fait j'ai vu que le 3 était déjà là ! J'y cours !
Tinouch- Messages : 136
Date d'inscription : 08/08/2024
Titi aime ce message
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Peux pas m'en empêcher, le petit cercle dessiné sur le sol m'a fait penser au petit cœur (enfin... je crois) de Vodka. Tu voudras bien nous en faire profiter de celui-là ? :-)
Lix- Messages : 828
Date d'inscription : 05/08/2024
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Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Quelle mémoire !! )
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Il est costaud des fois mon neurone !
Lix- Messages : 828
Date d'inscription : 05/08/2024
Titi aime ce message
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
La flèche a mis le feu au(aux) brindilles
Lix- Messages : 828
Date d'inscription : 05/08/2024
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
En fait plusieurs savent qui sont ces têtes rondes, intriguant tout ça. J'aime bien l'image de la peau pleine de pierres et j'ai souri quand Néran a couru pour sauver sa propre peau. Donc le feu est arrivé, l'élément qui "manquait" dans la partie 1. Le titre "remerciements", je vois pas trop le rapport avec l'épisode. Je reste accrochée, et m'accroche à ces prénoms inhabituels. La prise de parole de Nost pour introduire celle de Dezül est-elle utile ? Mais j'aime bien la phrase "Nost est venu s’asseoir parmi nous et Dezül a pris la parole, debout devant nous"
Lix- Messages : 828
Date d'inscription : 05/08/2024
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Oui, tout le monde sait qu’ils existent, ces Têtes-rondes, mais peu les ont vus. Je profite de cette parenthèse pour rendre clairement hommage à Jean M. Auel, autrice de la saga Les Enfants de la Terre, dans laquelle les Sapiens nomment les Néandertaliens « Flat-heads ». Je m’en suis évidemment inspiré pour que les Néandertaliens nomment les Sapiens « Têtes-rondes ».
Je trouve que l’introduction par Nost de la prise de parole de Dezül affirme le statut de ce dernier, je la garde pour cette raison.
Le titre « Remerciements », c’est parce qu’il est pas mal question des remerciements que Dezül conseille à tous de faire.
Je trouve que l’introduction par Nost de la prise de parole de Dezül affirme le statut de ce dernier, je la garde pour cette raison.
Le titre « Remerciements », c’est parce qu’il est pas mal question des remerciements que Dezül conseille à tous de faire.
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Lix aime ce message
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Je reviens sur les raisons du titre Remerciements : ce n’est pas qu’il en soit beaucoup question mais l’épisode s’ouvre et se ferme sur des allusions aux remerciements.
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Lix aime ce message
Dolo Tarras- Messages : 181
Date d'inscription : 06/08/2024
Titi aime ce message
Re: Partir (Un conte de Néandertal, 2)
Fantasy ? Ah ? Je vais relire.
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Dolo Tarras aime ce message
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