La chasse (Un conte de Néandertal, 4)
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La chasse (Un conte de Néandertal, 4)
La flèche de Garn n’a pas exactement atteint l’œil mais a touché suffisamment près pour pénétrer profondément dans la tête de la bête, la stoppant net dans sa course. Celle-ci est maintenant à genoux, grognant et gémissant péniblement, suppliant qu’on l'achève. Les hommes font alors ce qu’ils savent être le mieux pour abréger ses souffrances : Tohé s’approche avec une lourde lance et d’un geste puissant et assuré enfonce la pointe précisément dans le cœur. Le sang jaillit, sauvage, et quelques souffles plus tard, la vie, enfin, quitte l’animal. Il s’affale sur le côté et le reste de la tribu, au loin, sait que c’est terminé. En silence, tous remercient les trois hommes pour avoir été rapides.
Dezul s’était ravisé au dernier moment :
— Un rhino, ce serait trop de viande. La débiter et la sécher ne seraient pas vraiment un problème, mais tant que nous n’avons pas de grotte, il nous faudra la porter, cette viande. Or nous sommes déjà bien chargés. Nous serions obligés d’en abandonner beaucoup aux charognards et nous ne pouvons pas faire cette insulte à la bête. Un jeune cheval suffira.
C’est donc un poulain qui git sur le flanc, au milieu de la plaine, attendant que la tribu arrive pour commencer le débitage.
Maintenant qu’ils sont tous là, Jurt distribue ses pierres à plusieurs hommes et femmes, ceux et celles qui sont les plus habiles à ce travail. Les plus grandes lames font une main ou presque et le tranchant taille incroyablement bien. Il s’use beaucoup, malheureusement, au contact de l’os qu’il faut gratter pour le séparer de la viande, ce que l’on fait en dernier, une fois qu’on a découpé et nettoyé toutes les parties molles. Du reste, une lame émoussée n’est pas perdue : Jurt n’a qu’à la retravailler un peu pour lui redonner son tranchant.
Le soleil au plus haut coïncide avec la fin du débitage. Au sens propre, ils vont laisser derrière eux une scène de boucherie.
Ils ne peuvent pas rester au beau milieu de cette plaine, à découvert. Non loin de là, à quelques volées de flèche, commencent les contreforts d'un plateau. Ils s’y dirigent déjà pour y trouver la végétation qui les cachera le temps de s’établir en un campement provisoire. Il faut cela pour traiter toute la viande, la découper toute en fines bandes à laisser sécher au soleil, et à surveiller pour l’abriter des hyènes et autres charognards qui ne manqueront pas de s’inviter à la fête. Dans un premier temps, il faut plusieurs allers-retours entre le lieu de débitage et le nouveau campement pour rapporter toute la viande. Il y a des gros morceaux qu’on porte à deux adultes charpentés et de bien plus petits qu’un enfant de dix ans porte sans problème.
Une fois que toute la viande est rapportée au campement, tout le monde peut enfin souffler. Pas de fatigue, non, mais de soulagement : sans que personne n’en parle, le danger d’être repérés par des Têtes-rondes dans la plaine était dans tous les esprits. Bien sûr, rien ne peut leur assurer qu’ils n’ont pas été vus, mais au moins, à partir de maintenant, ils sont de nouveau à l’abri. De plus, ces contreforts sont le genre de relief idéal pour trouver une grotte, avec un peu de chance et en lançant assez de pionniers dans les environs. Il faut chercher sur les pentes, suivre les limites du plateau. Des hommes sont envoyés vers le levant et d’autres vers le couchant.
La tribu en est à son troisième jour de campement. Dezul les rassemble sous un soleil descendant :
— Après le repas du milieu, Gruuf est rentré plus tôt que prévu. Il a vu, à une demi-journée de marche d’ici, vers le couchant, un piège de chasse, un grand trou dans la terre. Il ne peut pas dire qui a tendu ce piège ni de quand il date. Mais mes souvenirs les plus anciens me murmurent qu’une tribu amie vivait près d’ici il y a longtemps. J'espère que le piège est le leur. Dans tous les cas, nous devrons chercher une grotte à l’opposé pour ne pas risquer de nous installer trop près d’eux, s’ils sont toujours ici. La viande est bientôt transportable, il ne nous reste plus qu’à attendre le retour des autres pionniers.
Nêran et les autres sont soulagés. Ils ont maintenant un cap sûr : le levant, en restant sur les pentes du plateau qui font face au soleil. À un moment où à un autre, ils trouveront bien la grotte qu’ils cherchent, Nêran est confiant :
— Je suis heureux, Mek, quelque chose me dit que nous dormirons bientôt dans une grotte ! souffle-t-il à sa compagne.
Le fils de Mek, Brëan, a entendu et il se réjouit. Il se lance vers ses camarades pour répandre la nouvelle :
— On va bientôt trouver une grotte ! On va bientôt trouver une grotte !
Dezul, qui l’a entendu, comprend. Il va trouver Nêran :
— Nêran, quand nos pionniers seront rentrés, et s’ils reviennent bredouilles, tu partiras avec Mek et Brëan à la recherche de notre prochaine grotte.
Dezul s’était ravisé au dernier moment :
— Un rhino, ce serait trop de viande. La débiter et la sécher ne seraient pas vraiment un problème, mais tant que nous n’avons pas de grotte, il nous faudra la porter, cette viande. Or nous sommes déjà bien chargés. Nous serions obligés d’en abandonner beaucoup aux charognards et nous ne pouvons pas faire cette insulte à la bête. Un jeune cheval suffira.
C’est donc un poulain qui git sur le flanc, au milieu de la plaine, attendant que la tribu arrive pour commencer le débitage.
Maintenant qu’ils sont tous là, Jurt distribue ses pierres à plusieurs hommes et femmes, ceux et celles qui sont les plus habiles à ce travail. Les plus grandes lames font une main ou presque et le tranchant taille incroyablement bien. Il s’use beaucoup, malheureusement, au contact de l’os qu’il faut gratter pour le séparer de la viande, ce que l’on fait en dernier, une fois qu’on a découpé et nettoyé toutes les parties molles. Du reste, une lame émoussée n’est pas perdue : Jurt n’a qu’à la retravailler un peu pour lui redonner son tranchant.
Le soleil au plus haut coïncide avec la fin du débitage. Au sens propre, ils vont laisser derrière eux une scène de boucherie.
Ils ne peuvent pas rester au beau milieu de cette plaine, à découvert. Non loin de là, à quelques volées de flèche, commencent les contreforts d'un plateau. Ils s’y dirigent déjà pour y trouver la végétation qui les cachera le temps de s’établir en un campement provisoire. Il faut cela pour traiter toute la viande, la découper toute en fines bandes à laisser sécher au soleil, et à surveiller pour l’abriter des hyènes et autres charognards qui ne manqueront pas de s’inviter à la fête. Dans un premier temps, il faut plusieurs allers-retours entre le lieu de débitage et le nouveau campement pour rapporter toute la viande. Il y a des gros morceaux qu’on porte à deux adultes charpentés et de bien plus petits qu’un enfant de dix ans porte sans problème.
Une fois que toute la viande est rapportée au campement, tout le monde peut enfin souffler. Pas de fatigue, non, mais de soulagement : sans que personne n’en parle, le danger d’être repérés par des Têtes-rondes dans la plaine était dans tous les esprits. Bien sûr, rien ne peut leur assurer qu’ils n’ont pas été vus, mais au moins, à partir de maintenant, ils sont de nouveau à l’abri. De plus, ces contreforts sont le genre de relief idéal pour trouver une grotte, avec un peu de chance et en lançant assez de pionniers dans les environs. Il faut chercher sur les pentes, suivre les limites du plateau. Des hommes sont envoyés vers le levant et d’autres vers le couchant.
La tribu en est à son troisième jour de campement. Dezul les rassemble sous un soleil descendant :
— Après le repas du milieu, Gruuf est rentré plus tôt que prévu. Il a vu, à une demi-journée de marche d’ici, vers le couchant, un piège de chasse, un grand trou dans la terre. Il ne peut pas dire qui a tendu ce piège ni de quand il date. Mais mes souvenirs les plus anciens me murmurent qu’une tribu amie vivait près d’ici il y a longtemps. J'espère que le piège est le leur. Dans tous les cas, nous devrons chercher une grotte à l’opposé pour ne pas risquer de nous installer trop près d’eux, s’ils sont toujours ici. La viande est bientôt transportable, il ne nous reste plus qu’à attendre le retour des autres pionniers.
Nêran et les autres sont soulagés. Ils ont maintenant un cap sûr : le levant, en restant sur les pentes du plateau qui font face au soleil. À un moment où à un autre, ils trouveront bien la grotte qu’ils cherchent, Nêran est confiant :
— Je suis heureux, Mek, quelque chose me dit que nous dormirons bientôt dans une grotte ! souffle-t-il à sa compagne.
Le fils de Mek, Brëan, a entendu et il se réjouit. Il se lance vers ses camarades pour répandre la nouvelle :
— On va bientôt trouver une grotte ! On va bientôt trouver une grotte !
Dezul, qui l’a entendu, comprend. Il va trouver Nêran :
— Nêran, quand nos pionniers seront rentrés, et s’ils reviennent bredouilles, tu partiras avec Mek et Brëan à la recherche de notre prochaine grotte.
Dernière édition par Titi le 28.08.24 16:21, édité 5 fois
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Lix, Dolo Tarras, Phil BOTTLE et Fid-ho LAKHA aiment ce message
Re: La chasse (Un conte de Néandertal, 4)
Tu as rapidement repris ton souffle, je suis impressionnée.
Lix- Messages : 828
Date d'inscription : 05/08/2024
Titi aime ce message
Re: La chasse (Un conte de Néandertal, 4)
Tal te vull !
La suite! la suite! ;-)
La suite! la suite! ;-)
Phil BOTTLE- Messages : 301
Date d'inscription : 06/08/2024
Age : 69
Localisation : Au pays des vents
Titi aime ce message
Re: La chasse (Un conte de Néandertal, 4)
Merci Phil ! Mais … Tal te vull ? Ça veut dire la suite ? Où ça a un lien avec la Vallée - Tal - de Newman ?
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Re: La chasse (Un conte de Néandertal, 4)
La préhistoire, une grotte en vue, Tal te vull! l'autre nom de Tautavel.. Tel je te veux!. où se trouve la Caune de l'Arago, antre de l'homme de Tautavel, 450.000 ans, que j'ai bien connu dans ma jeunesse...
Et pour ceux qui serait intéressés... [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Cela dit, la suite, la suite. En néandertalocraomagnon, je crois que ça se disait Hurgh argh, Hurgh argh ! mais je ne suis pas sûr pour le point d'exclamation.
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Cela dit, la suite, la suite. En néandertalocraomagnon, je crois que ça se disait Hurgh argh, Hurgh argh ! mais je ne suis pas sûr pour le point d'exclamation.
Phil BOTTLE- Messages : 301
Date d'inscription : 06/08/2024
Age : 69
Localisation : Au pays des vents
Lix, Fid-ho LAKHA, Tinouch et Titi aiment ce message
Re: La chasse (Un conte de Néandertal, 4)
Pas mal, ça ! Je viens de taper Tal te vull sur Google et tout s’éclaire. Il se trouve qu’habitant à Perpignan, je vais de temps en temps à Tautavel. La dernière fois que j’ai visité le musée, c’était il y a deux ans. Les deux mannequins sont criants de vérité, c’en est déroutant !
Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Phil BOTTLE aime ce message
Re: La chasse (Un conte de Néandertal, 4)
Ben sommes voisins donc. Super!
Et dans l'entrée , le deuxième mannequin, on dirait ma sœur, mais en mieux...
Et dans l'entrée , le deuxième mannequin, on dirait ma sœur, mais en mieux...
Phil BOTTLE- Messages : 301
Date d'inscription : 06/08/2024
Age : 69
Localisation : Au pays des vents
Titi aime ce message
Re: La chasse (Un conte de Néandertal, 4)
Ha ! Attendez que je lui dise à votre sœur !
Merci pour le lien, très bien.
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Titi- Messages : 165
Date d'inscription : 08/08/2024
Localisation : Perpignan
Phil BOTTLE aime ce message
Re: La chasse (Un conte de Néandertal, 4)
On peut se tutoyer... c'est plus cool...
Phil BOTTLE- Messages : 301
Date d'inscription : 06/08/2024
Age : 69
Localisation : Au pays des vents
Titi aime ce message
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